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REVUE PÉDAGOGIQUE.

II

L’instruction populaire s’est imposée aux premiers colons de la Nouvelle-Angleterre comme un devoir religieux. Ils étaient protestants. Pour conserver leur foi, ils n’avaient pas craint, après avoir supporté longtemps la persécution du gouvernement des Stuarts, de renoncer à leur terre natale et d’aller par delà l’océan Atlantique fonder une société sur une terre nouvelle que leurs labeurs devaient un jour rendre riche, mais qui opposait aux pionniers l’obstacle de ses épaisses forêts, de la rigueur de ses hivers et l’hostilité de ses sauvages habitants. C’est la pensée religieuse qui les avait conduits ; c’est elle qui les soutint dans la lutte et qui les inspira dans leur organisation politique. Ils songèrent à créer moins un État libre qu’un État dans lequel ils pussent adorer Dieu selon leur conscience ; c’est pourquoi, unis dans une même communion, ils se montrèrent eux-mêmes très-sévères contre les dissidents et attentifs à maintenir la pureté de leur interprétation biblique. Pour atteindre leur but, il leur fallait instruire les enfants et les mettre en état de lire eux-mêmes et de comprendre les livres saints ; le ministre et l’instituteur, le temple et l’école étaient des organes de leur constitution sociale, non moins indispensables que l’officier municipal ou que le juge. Les protestants d’Europe avaient sans doute les mêmes opinions et les mêmes désirs ; mais les protestants d’Amérique étaient les premiers qui pussent les réaliser, en constituant de toutes pièces une société, sur une terre vierge, sans avoir à compter avec les habitudes et les résistances du passé.

Aussi, en 1642, vingt ans après que les Pilgrim