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LES ÉCOLES AUX ÉTATS-UNIS.

en Amérique, où les citoyens ne prisent pas moins leur liberté individuelle que l’instruction.

Si les opinions sont partagées sur l’obligation, elles sont unanimes en faveur de la gratuité. Il n’en a pas toujours été ainsi. La Pennsylvanie avait inséré dans sa Constitution de 17736 un article par lequel, en prescrivant la création d’écoles dans chaque comté, elle recommandait de donner aux instituteurs, sur les fonds publics, un salaire assez élevé pour qu’ils pussent instruire la jeunesse à bas prix ; « as may enable them to instruct youth at low prices » ; dans la Constitution de 1790, elle fit un peu plus en disant que les écoles devaient être organisées de manière que les pauvres pussent être instruits gratis[1], et elle organisa véritablement ce régime par la loi de 1818. L’Indiana avait déjà, dès 1816, décrété un système général d’éducation s’élevant par gradation de l’école du township jusqu’à l’université, également gratuit et accessible pour tous.

L’exemple de la Pennsylvanie souleva une longue polémique parmi les pédagogues. Horace Mann, un des plus distingués d’entre eux, y prit une part active, surtout depuis 1837, époque à laquelle il devint secrétaire du bureau d’éducation du Massachusetts. On rappelait que les premiers colons du Nord, hommes animés d’une foi vive et d’un sincère amour de l’égalité, avaient eu des écoles dans lesquelles tous les enfants sans distinction recevaient la même éducation religieuse et la même instruction ; que cette louable coutume s’était peu à peu perdue quand l’inégalité des fortunes s’était introduite et quand les écoles publiques, mal tenues, avaient été désertées par les riches ;

  1. Cependant la colonie de New-York avait, en 1702, rendu une loi pour les écoles gratuites (free schools act) qui ne fut pas renouvelée en 1709 et paraît même ne pas avoir été appliquée.