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LA PÉDAGOGIE FRANÇAISE.

Donner dans la salle d’asile, écrivait M. Fortoul aux préfets[1], un enseignement technique et complet, serait, en premier lieu, changer en leçons fastidieuses pour un si jeune âge d’attrayants exercices ; rendre à la mémoire seule dans l’asile ce qu’on a voulu y donner à l’intelligence ; consacrer à un travail purement machinal un temps qu’il importe de mettre à profit pour le développement de l’esprit et du cœur, pour la culture de facultés délicates, pour les premières et faciles études du chant, pour l’acquisition de cette foule de notions utiles qui, grâce à un système bien conçu d’interrogations habilement conduites, pénètrent sans effort dans l’intelligence des enfants. Ensuite, ne faudrait-il pas craindre que les petits élèves possédant tant bien que mal, au sortir de l’asile, les connaissances indispensables, un grand nombre de parents se crussent autorisés à leur imposer dès l’âge de sept ans[2] ces travaux prématurés qui, dans les centres industriels, sont trop souvent funestes au développement physique des enfants et multiplient en même temps, pour eux, les causes d’une corruption précoce.

L’arrêté du 5 août 1859 est encore plus précis ; il fixe non-seulement les matières de l’enseignement, mais la durée du temps qui sera consacré à chaque matière, et qui n’excédera guère un quart d’heure pour le même objet : c’est ainsi que se succèdent la lecture, les travaux manuels, le calcul pratique à l’aide du boulier-compteur, les récits d’histoire sainte, les histoires enfantines et les leçons de choses ; à ces exercices se mêlent les évolutions hors du gradin, les récréations, le mouvement et le jeu au grand air.

On le voit, si la méthode devenue célèbre sous le nom de Frœbel n’est pas là tout entière, il est permis tout au moins d’en retrouver les traits principaux ou plutôt d’en reconnaître l’esprit, malgré la diversité des conditions et des

  1. Circulaire du 18 mai 1855.
  2. Depuis, l’admission des enfants à l’école primaire a été autorisée dès l’âge de six ans.