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REVUE PÉDAGOGIQUE.

formes. Ce qui en constitue la valeur et l’originalité, c’est son appropriation aux besoins et aux facultés de l’enfant ; son point de départ est dans la nature, et le terrain où elle marche est solide. Or ce mérite ne nous fait pas défaut. Il y a longtemps que Fénelon recommandait de tourner au profit de l’éducation, et dès le berceau, l’activité naissante de l’enfant ; plus longtemps encore que l’avaient fait les maîtres de Port-Royal, et avant eux ceux du xvi siècle. Veut-on quelque chose de plus directement en harmonie avec le cadre même de la salle d’asile, et qui soit l’application pratique de ces vues ? Écoutons M. Cochin, l’auteur du Manuel des fondateurs et des directeurs des salles d’asile, que recommandait le ministre dès 1834[1] ; il nous apprendra ce que l’on peut faire faire à des enfants avec une simple feuille de papier.

On la plie en deux, le pli forme une ligne droite. La même feuille se plie de manière à former à volonté des angles droits, aigus Gu obtus. Avec une feuille de papier pliée à angle droit, on fait comprendre l’usage de l’équerre. On lui donne aussi ct successivement la forme d’un triangle, d’un carré, d’un rectangle, d’un losange, d’un trapèze, des divers polygones ; quant aux lignes courbes et aux surfaces curvilignes, on peut aussi les tracer, soit sur la planche noire, soit sur le papier, et familiariser les enfants tant avec ces opérations de tracé qu’avec leurs résultats. On peut également placer sous leurs yeux la figure des solides en bois ou en carton…

Je ne m’étendrai pas davantage, aujourd’hui du moins, sur les salles d’asile ; ce qui précède suffit pour montrer que la pédagogie qui leur est propre, et qui a tant de liens avec la pédagogie générale, ne nous est ni inconnue ni indifférente.

  1. Circulaire de M. Guizot aux Présidents des Comités d’arrondissement, 21 juin 1834.