Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1878.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
241
LA PÉDAGOGIE FRANÇAISE.

tions simples et courtes[1], à quelques règles fondamentales qu’on éclaircit par des exemples ; il faut aussi, à mesure que l’intelligence des enfants se développe, les mettre en présence des plus beaux morceaux de notre littérature, leur y faire reconnaître d’abord le sens et jusqu’aux nuances des mots, la suite et l’enchaînement des idées, plus tard les inversions, même les hardiesses du génie, et compter, dans cet exercice, encore plus sur cette logique et cette grammaire naturelles qui parlent en eux que sur le vieux bagage d’abstractions et de formules dont on accable leur mémoire sans profit pour leur intelligence. Lhomond disait, il y a quatre-vingts ans : « La métaphysique ne convient point aux enfants, et le meilleur livre élémentaire, c’est la voix du maître, qui varie ses leçons et la manière de les présenter selon les besoins de ceux à qui il parle[2] ».

Pour le calcul, que les maîtres s’attachent à exercer le raisonnement, à donner à leurs leçons un caractère tout pratique, en empruntant les problèmes aux circonstances de la vie réelle, aux faits de l’économie domestique, rurale et industrielle ; qu’ils fassent de l’arithmétique une sorte de cours de logique populaire appliqué aux besoins, aux relations de chaque jour[3]. Cet enseignement ainsi compris trouve aujourd’hui une véritable sanction, qui lui faisait défaut en 1857, dans l’institution florissante des caisses d’épargne scolaires.

Que si l’on complète ces données fondamentales par des notions très-simples de géographie, en prenant pour point de départ le village, le canton, l’arrondissement, le département, en donnant des notions sommaires, mais précises, sur les faits historiques, administratifs, industriels, agricoles, qui se rattachent aux lieux indiqués sur la carte, on aura parcouru le cercle des matières qu’il est désirable d’enseigner à tous les enfants admis dans les écoles rurales et dans un certain nombre de nos écoles des villes.

  1. Fénelon disait aussi qu’il faut « se borner à une méthode courte et facile ».
  2. Éléments de grammaire latine, 7e édition, 1788.
  3. Circulaire du 20 août 1857.