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REVUE PÉDAGOGIQUE.

de telle phrase, l’orthographe de tel mot, la portée de telle expression ».

L’enseignement de l’écriture n’a pas pour but de « former d’habiles professeurs de calligraphie », mais de « mettre les enfants à même d’écrire couramment et lisiblement ».

Quant à la langue française, M. Fortoul s’exprimait ainsi en 1854[1].

Les élèves de nos écoles ont besoin d’apprendre leur langue, mais non les subtilités qui ont rendu, en la compliquant, l’étude de la grammaire française si peu attrayante, ct, par conséquent, si difficile. »

Son successeur développait cette idée trois ans plus tard[2].

Qu’on se garde d’accabler l’esprit des enfants de ces définitions métaphysiques, de ces règles abstraites, de ces analyses prétendues grammaticales, qui sont pour eux des hiéroglyphes indéchiffrables ou de rebutants exercices. Tout enfant qui vient s’asseoir sur les bancs d’une école apporte en lui, sans en avoir conscience, l’usage des genres, des nombres, des conjugaisons. Qu’y a-t-il à faire ? Tout simplement l’amener à se rendre un compte rationnel de ce qu’il sait par routine et répète de lui-même machinalement. Que le maître fasse lire une phrase claire et simple ; cette phrase lue, qu’il s’assure si les élèves en ont bien saisi le sens ; qu’il explique ensuite ou fasse expliquer le rôle que chacun des mots joue dans la construction de la phrase. Après quoi, qu’il donne cette phrase à copier. On a ainsi tout ensemble une leçon de logique pratique et une leçon d’orthographe.

M. Duruy[3], à son tour, reprenant le même sujet, recommandait de substituer à un enseignement abstrait et stérile « des leçons vivantes ».

Il faut, disait-il, réduire la grammaire à quelques défini-

  1. Circulaire aux Recteurs, du 31 octobre 1854.
  2. Circulaire du 20 août 1857.
  3. Circulaire aux Recteurs, du 7 octobre 1866.