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LA PÉDAGOGIE FRANÇAISE.

la pédagogie[1], il n’a aucun tableau d’ordre journalier, il se laisse guider par l’inspiration du moment, et arrête souvent ses élèves deux à trois heures consécutives sur le même objet.

C’est bien là l’homme qui, introduit devant l’empereur Alexandre pour le prier de ne pas faire occuper militairement le château d’Iverdon, où était établi son Institut pédagogique, oublie en le voyant l’objet de l’audience et l’entretient pendant une heure des millions de serfs qui peuplent le vaste empire de Russie… N’en rions pas toutefois ; Pestalozzi a pu être un médiocre maître d’école et n’avoir pas eu ce sens pratique qui fait qu’on réussit parmi les enfants, comme parmi les hommes : il a eu ce qui valait mieux pour autrui, sinon pour lui-même, il a eu la foi dans ses idées et dans son œuvre.

Résumons-nous et concluons. Ni les principes de la méthode, ni les vues générales, ni les directions de détail ne manquent à la pédagogie française. Sans grandes innovations, sans bouleversements, en appliquant et au besoin en améliorant les règles, les procédés en possession desquels elle se trouve déjà, elle réussira, quand elle le voudra, à réaliser les progrès les plus sérieux. D’où vient que ce but n’est pas encore atteint ? Il y a à cela plus d’une cause ; je n’en indiquerai qu’une, la principale à mes yeux. M. Rouland posait cette question à la fin de la circulaire du 20 août 1857 : « Les Inspecteurs primaires ont-ils des idées précises, un plan nettement arrêté, et ce plan est-il persévéramment suivi ? MM. les Inspecteurs d’Académie, de leur côté, se préoccupent-ils des moyens d’imprimer, sous ce rapport, au service dont ils sont les

  1. M. J. Paroz, Histoire universelle de la pédagogie, Delagrave, éditeur, p. 314.