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DE LA FRÉQUENTATION SCOLAIRE.

de temps d’un jour, de deux jours et plus dans beaucoup de cas.

Et ce ne sont pas les seules causes d’absence que nous ayons à déplorer : aujourd’hui il fait beau, on peut travailler aux champs, à la vigne, au jardin : l’enfant de dix à douze ans n’ira pas à l’école. S’il ne travaille pas réellement par lui-même, il gardera ses frères plus jeunes pour donner à sa mère la liberté de travailler. Voici le temps de la chasse au bois. Il faut des traqueurs, on offre un franc, deux francs : aussitôt une nuée d’écoliers. — les plus grands, — accourent, laissant déserts les bancs de l’école. Dans la ferme d’à côté, un labour récent a mis à nu des pierres qui embarrassent la culture : on fait appel aux enfants de l’école. Les chardons menacent d’envahir une pièce de blé : les écoliers sont là qui viendront les arracher. En novembre, il faut défendre les semences contre la voracité des corbeaux : nos grands élèves iront courir la plaine en sonnant de la trompe. En décembre et en janvier, les pommes de terre amoncelées dans les caves commencent à germer : l’école fournira des ouvriers pour casser les pousses.

À partir du mois de mai, on le devine, les absences augmentent avec la multiplicité des travaux champêtres.

On voit qu’il est extrêmement difficile d’obtenir partout une demi-année de fréquentation régulière, même en choisissant les époques les plus favorables.

Voilà ce qui se passe dans les pays agricoles, et, il faut s’en féliciter d’ailleurs, ils sont nombreux. Je ne veux rien dire, pour l’instant, des enfants employés dans l’industrie manufacturière. Nous les recevons avec empressement quand ils se présentent à l’école, mais nous ne pouvons guère compter sur eux.