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REVUE PÉDAGOGIQUE.

C’est là, il faut le reconnaître, une situation très-fâcheuse et qui met en péril l’avenir de beaucoup d’enfants. L’instituteur connaît le mal et gémit tout le premier d’un état de choses qu’il est souvent impuissant à améliorer. Il en souffre dans son amour-propre : car il aurait besoin d’être encouragé par les succès de ses élèves, et il voit ses efforts paralysés.

Il est bon sans doute que les enfants s’habituent de bonne heure aux fatigues d’un travail manuel ; que, tout jeunes, ils commencent à apprendre un état, celui de leurs parents, par exemple ; mais il faudrait obtenir que cet apprentissage se fit en dehors des heures que réclame leur instruction. Il serait nécessaire, en outre, qu’il se fit sous la surveillance de la famille ou de personnes dignes de la remplacer. Point ne se passent ainsi les choses ordinairement. Les enfants sont, le plus souvent, mêlés à des ouvriers, hommes, femmes, jeunes gens. Or qui ne le sait ? le langage, les mœurs de beaucoup d’ouvriers, même au village, laissent fort souvent à désirer. Il est à craindre que dans ce milieu, à ce contact, l’innocence des enfants ne se trouve exposée, que leur raison ne s’égare, que leur jugement ne se pervertisse. Il naît de là pour l’instituteur un nouveau et cruel souci. Quand ses élèves lui reviendront, non-seulement ils auront oublié une bonne partie de ce qu’il leur avait péniblement appris, mais ils auront, en outre, contracté de mauvaises habitudes qu’il faudra réformer. Ainsi se passe la vie ; et quand on compare le résultat obtenu aux efforts de toute nature qu’il a coûtés, on est véritablement attristé.

Je ne suis point de ceux qui nient les progrès de l’instruction primaire ; je reconnais volontiers que, relativement, ils sont considérables ; mais je ne saurais admettre