Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1878.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
271
LES ÉCOLES EN FRANCE ET À L’ÉTRANGER.

ment les élèves, ont les faces de leurs murs couvertes de dessins et peintures dont les sujets sont propres à éveiller leur attention, à exciter leur intérêt et leur curiosité : souvent ce sont des cartes géographiques, des indications d’objets usuels, une succession de tableaux se reliant l’un à l’autre par une idée commune, une progression régulière ; c’est un grain de blé mis en terre, germant, devenu épi, et la suite des transformations qu’il subit jusqu’au moment où il se change en un beau pain blanc. C’est la toison d’un mouton, d’abord laine, puis tissée, teinte, devenue étoffe, et enfin coupée, taillée, cousue et transformée en vêtement. Ou bien c’est un haut fait historique avec ses préliminaires et ses conséquences. Ces dessins ne sont certes pas des œuvres d’art ; c’est, Le plus souvent, un simple tracé ; la naïveté, la simplicité de l’expression et du rendu en font le principal mérite.

Ces faits, ces détails, ainsi présentés à l’enfant, ainsi exposés chaque jour à ses regards, frappent son esprit et se gravent dans sa mémoire. Le maître donne, à certains jours, des explications développées, fait des récits bien plus faciles à comprendre et à retenir, parce que la trace en a, pour ainsi dire, été rendue matérielle.

Ce procédé n’est pas nouveau, on peut même, sans exagération, dire qu’il est renouvelé des Grecs.

Les maîtres grecs avaient, en effet, dans les gymnases, recours à l’emploi de bas-reliefs et de statues pour apprendre ou pour rappeler à leurs élèves l’histoire des dieux et des héros : c’était la tradition sculptée précédant la tradition écrite.

Voyons maintenant ce que sont les classes dans lesquelles les enfants vont passer leur journée.

En France, ces classes sont de grandes salles contenant 60, 80 et quelquefois jusqu’à 100 enfants : ce dernier chiffre est, il est vrai, l’exception. Un seul maître surveille et enseigne tout ce petit monde ; on peut penser s’il a à faire, si sa patience est mise à une rude épreuve, et s’il peut, dans de telles conditions, assurer de rapides progrès à ses élèves.

Les murs restent nus ou bien sont ornés de tableaux mobiles fixés sur des feuilles de carton, que font gondoler, en tous sens, l’humidité ou la chaleur. Les fenêtres sont percées à 1m, 50 au-