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REVUE PÉDAGOGIQUE

» La moyenne, en 1862, pour toutes les autres provinces du pays, est de trois écoles sur deux communes.

»… En combinant le nombre de nos écoles avec celui de tous les enfants en âge de les fréquenter, nous constatons que la population moyenne de chacune d’elles est de soixante-dix élèves.

»… À quels hommes les écoles du peuple étaient-elles jadis confiées ?

» Dans la plupart de nos villages, on louait un maître pour garder les enfants, comme on louait un pâtre pour garder le troupeau commun. Souvent c’était le chantre ou marguillier de l’église qui tenait l’école. Dans quelques-unes de nos petites villes, les corporations religieuses étaient, en vertu d’un usage immémorial, chargées de l’instruction primaire. Parfois aussi, et particulièrement dans les communes dénuées de ressources, l’instituteur était un jeune prêtre : il acceptait cet emploi, en-attendant une nomination de chapelain ou de vicaire, mais il dirigeait l’instruction religieuse, bien plus qu’il ne donnait l’enseignement primaire.

» Cette situation dura longtemps et elle s’aggrava en se prolongeant. Au commencement du régime français, presque tous nos instituteurs savaient à peine lire et écrire.

»… Sous le régime autrichien, il n’y avait guère, dans tout le Luxembourg, que six localités où, grâce à des fondations charitables, l’instituteur avait les moyens d’une existence honnête. Partout ailleurs, ses émoluments toujours insuffisants consistaient dans une part des dîmes, dans le petit casuel comme serviteur de l’église, et dans quelques rétributions scolaires payées, le plus souvent, en denrées. Les instituteurs, à cette époque, ne gagnaient