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L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE SUPÉRIEUR.

nouveaux colléges auraient-ils eu le droit de s’intituler français, et de frapper de discrédit les colléges classiques comme voués à une stérile routine scolastique, alors qu’eux-mêmes, dépourvus de méthodes éprouvées et d’outils supérieurs, seraient condamnés à ne donner à leurs élèves qu’une connaissance superficielle de la langue et qu’une médiocre intelligence de nos grands écrivains ? Les colléges français n’ont pas reparu depuis.

Enfin, en 1865, sous le ministère de M. Duruy, fut constitué l’enseignement secondaire spécial. Rassembler dans des cadres réguliers une clientèle scolaire jusque-là sacrifiée, substituer à des éléments décousus d’instruction un plan d’études concordantes depuis la base jusqu’au sommet, ouvrir largement à ces études les lycées en même temps que les colléges, en accuser le caractère par la formule adoptée pour les désigner, c’était organiser un second type d’enseignement secondaire, juxtaposé à l’enseignement classique, mais distinct, ce qu’aucun ministre n’avait voulu ou osé faire jusque-là.

Assurément l’enseignement secondaire spécial a été un progrès. Il a donné lieu néanmoins à des réserves qui sont graves. En incorporant cet enseignement dans les lycées et les colléges, afin de leur ménager des ressources utiles ou nécessaires, au lieu de le constituer en dehors des centres classiques, ne l’a-t-on pas privé des éléments de vie et de développement qu’il y a dans l’autonomie, et comme immobilisé dans un état subalterne[1] ? En l’étendant au delà de ses limites naturelles, en absorbant par

  1. M. Duruy se rendait certainement compte de ces conditions défavorables au nouvel enseignement, quand il lui affectait en propre, outre le collége annexe de Cluny, le collége de Pontivy et le lycée de Mont-de-Marsan.