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REVUE PÉDAGOGIQUE.

exemple un certain nombre d’écoles primaires supérieures indépendantes, qui avaient survécu à l’ordonnance de 1841[1] et à la loi de 1850, n’a-t-on pas porté une atteinte regrettable à une forme d’enseignement plus pratique, plus rapproché de la petite classe moyenne ? Enfin, en construisant un système limité et rigide, et en occupant la place pour ainsi parler, n’a-t-on pas ajourné indéfiniment et même rendu impossible la création ultérieure d’un grand enseignement libre, ample, souple, apte aux combinaisons diverses que demande la diversité des besoins de l’immense classe moyenne ? Quoi qu’il en soit de ces réserves, l’enseignement secondaire spécial est le plus vigoureux effort qui ait été fait pour donner à certaines catégories de la classe moyenne un enseignement approprié. Avec ses cadres, ses programmes, son diplôme qui lui est un but et une sanction, son école normale de Cluny, ses brevets et son agrégation, il présente un organisme complet qui, s’il a la rigidité inhérente aux œuvres créées de toutes pièces, possède une solidité réelle par la solidarité même de ses parties.

La désignation de secondaire spécial montrait qu’il était plus facile de constituer que de formuler par un nom le nouvel enseignement. Il faut l’avouer, le nom n’est pas bien venu. Il est abstrait, obscur, et de plus, il n’a pas la justesse désirable. Comment appeler spécial un enseignement général au même titre que l’enseignement classique, et tellement général qu’il prépare aux neuf dixièmes des carrières ouvertes à la jeunesse ? C’est la critique qu’a déjà provoquée le mot professionnel. Dira-t-on qu’il est spécial

  1. L’ordonnance royale de 1841, sous le ministère de M. Villemain, annexait les écoles supérieures aux colléges et plaçait leurs directeurs sous l’autorité immédiate du principal.