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L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE SUPÉRIEUR.

classique des écoles de grammaire, institutions qui sont du degré des gymnases de l’Allemagne et de nos lycées[1]. Mais aurait-on pu dire, depuis l’introduction des sciences mathématiques et physiques, des langues vivantes, de l’histoire et de la géographie, que nos lycées et nos collèges se confinent dans l’étude de l’antiquité grecque et latine, et ne s’ouvrent pas aux cultures modernes ? Cette accusation, déjà excessive au temps où Bastiat la reproduisait dans un pamphlet retentissant[2], est devenue absolument surannée. En résumé, nous n’avions pas à prendre chez nos voisins le mot approprié qui nous manquait.

Nous manquait-il bien en effet ? La langue française est-elle si dénuée ou si revêche qu’elle n’ait pu fournir un mot propre à s’accommoder au besoin qui se manifestait ? On l’avait sous la main, à mon sentiment, le mot nécessaire, un mot bien fait, déjà dans l’usage, juste dans son acception principale, assez compréhensif pour embrasser sans effort la diversité des formes d’un enseignement multiple et complexe : celui d’industriel. Nous ne l’inventons pas ; il a été prononcé depuis cinquante ans de côté et d’autre, sans avoir par malheur trouvé un patron autorisé. La Commission instituée en 1848 par M. Carnot avait même adopté l’expression de colléges industriels dans le projet qu’elle préparait et qui n’arriva pas à être discuté. Nous croyons qu’une discussion sérieuse aurait tourné au profit du mot industriel. Par le sens premier qu’il tient de son origine, le mot d’industrie exprime d’une manière générale l’activité intelligente, ingénieuse, inventive. C’est

  1. Les célèbres établissements d’Eton, de Rugby, de Winchester, sont des écoles de grammaire, Grammar Schools.
  2. Voy. parmi les petits pamphlets de Bastiat, Baccalauréat et socialisme.