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REVUE PÉDAGOGIQUE.

ainsi que l’emploient les écrivains du xviie siècle. Au siècle suivant, par une dérivation naturelle, il s’applique à l’activité de l’homme s’exerçant sur les choses et les mettant en valeur. Cette acception est restée dans la langue. L’économie politique ne dit pas autrement que l’industrie agricole, manufacturière, commerciale, l’industrie extractive, l’industrie des transports, etc. Depuis 1815, il est vrai, le mot s’est encore restreint, et il en est venu dans le langage courant à désigner particulièrement la fabrique et l’usine. Il en résulte que l’École des arts et manufactures qui fait des ingénieurs, les Écoles d’arts et métiers qui font des chefs d’atelier, semblent seules appeler le nom d’écoles industrielles. Mais, il y a quarante ans, l’application officielle du mot industriel à l’enseignement des classes moyennes en eût sans doute maintenu et fixé le sens général et l’eût imposé à l’usage. Nous admettons volontiers qu’aujourd’hui il est trop tard pour aller contre le courant des habitudes. On peut dire des mots comme des livres : habent sua fata.

La leçon pratique qui ressort de cette revue, plus longue que nous n’aurions voulu, c’est qu’il convient de laisser de côté les définitions, les formules, les dénominations générales[1], et d’agir. L’enseignement secondaire spécial

  1. Le mieux serait, pour les villes, que les colléges et les écoles destinés à l’enseignement industriel reçussent un nom propre, celui d’un homme dont s’honorent ses concitoyens. Par là les établissements sont soustraits aux inconvénients des classements et des étiquettes. Ils prennent peu à peu dans l’opinion la valeur que leur donne le chef qui les dirige. C’était l’avis de M. Cousin, ce grand esprit de tant de bon sens dans les questions d’instruction publique, qui fut le plus ardent promoteur de l’enseignement primaire supérieur, et regretta toujours de n’avoir pas eu le temps, pendant son court ministère, de l’organiser largement. L’année même de sa mort, un jour qu’il me faisait différentes questions sur l’école Turgot : « J’ai trouvé, me disait-il, vingt noms topiques pour nos principales villes »,