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REVUE PÉDAGOGIQUE.

ayant d’autres carrières en perspective, et même trop étendue aux bons instituteurs qui subissent les tracasseries d’une administration ignorante ; mais elle est trop courte pour faire abandonner à des hommes de mérite des emplois plus stables et plus rémunérateurs[1] ».

Si les Américains parviennent un jour à accomplir cette transformation, ils auront fait un progrès notable. Il serait même désirable que la réforme s’étendit à d’autres branches de l’administration publique qui souffrent de cette instabilité des fonctions, cause fréquente d’incapacité et même de malversation. Car il n’y a pour ainsi dire pas de carrière administrative aux États-Unis : on entre dans une fonction en vertu d’une élection populaire ou d’une nomination faite par un magistrat électif et on en sort de même. En opérant cette transformation, les Américains ne seront pas encore parvenus à mettre entièrement l’éducation nationale au-dessus de la région dans laquelle s’agitent les passions politiques. Les bureaux sont et resteront électifs, et le suffrage Au peuple y portera toujours, à côté d’hommes capables, des membres incompétents, inexpérimentés, amenés par le flot changeant des partis. Il faut dans une certaine mesure s’y résigner ; car l’élection populaire et le système représentatif étant une partie essentielle du génie politique des Américains, se retrouvent nécessairement sous toutes les formes dans la gestion des affaires publiques, produisant un mélange d’effets bons et mauvais.

Ce mode d’administration a cependant deux avantages qui rachètent en partie ses inconvénients : d’une part, les

  1. Rapport de M. Eaton pour l’année 1874. — Ce passage est cité dans le Rapport sur l’instruction primaire à l’exposition de Philadelphie en 1876 (chapitre de l’organisation administrative, rédigé par M. Laporte.)