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LES ÉCOLES AUX ÉTATS-UNIS.

hommes notoirement incapables ou usés par le temps ont peu de chances de se prolonger indéfiniment dans des fonctions où ils seraient devenus un obstacle, et des hommes jeunes et actifs peuvent percer de bonne heure lorsqu’ils ont su gagner l’opinion publique ; d’autre part, les citoyens s’intéressent plus à l’œuvre commune parce qu’ils y participent d’une manière directe et sont disposés à faire plus d’efforts et plus de sacrifices pécuniaires pour en assurer le succès.

Nous avons le droit de juger les Américains ; nous n’avons pas en France le droit d’être bien sévères à leur égard ; parce que notre administration pédagogique, avec une organisation toute différente, n’échappe pas à un reproche du même genre. Nos inspecteurs d’académie et nos inspecteurs primaires ont une carrière. Mais ils n’ont pas eu jusqu’ici l’indépendance désirable ; subordonnés aux préfets, qui sont des fonctionnaires de l’ordre politique et qui nomment les instituteurs, ils sont presque fatalement entraînés dans le courant de la politique, depuis que le suffrage universel a donné aux instituteurs une influence en matière électorale. La réforme est plus facile à opérer en France qu’en Amérique ; elle n’y est pas moins nécessaire, mais il faut avoir le courage de l’accomplir et profiter à la fois et de notre expérience pour ne pas laisser les instituteurs sous la dépendance de fonctionnaires politiques et de celle des Américains pour ne pas les abandonner à des corps électifs. Les autorités universitaires ont seules la compétence et le désintéressement nécessaires pour diriger l’instruction publique et en choisir le personnel.

(La suite prochainement.)

E. Levasseur,
Membre de l’Institut.