Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1878.djvu/615

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
603

LA LANGUE FRANÇAISE ET LES ÉCOLES
DE LA BASSE-BRETAGNE.

Le français, qui, par sa clarté et sa précision, est depuis plusieurs siècles la langue diplomatique de l’Europe, et qui, il y a quelques années à peine, a été exclusivement adoptée par les savants de toutes les nations pour leurs relations scientifiques, est demeuré jusqu’à ce jour complètement ignoré dans un grand nombre de nos communes rurales. Il y a encore aujourd’hui en France des départements entiers où cette langue n’est connue et usitée que dans les villes : telle est la Basse-Bretagne, c’est-à-dire le Finistère et la plus grande partie du Morbihan et des Côtes-du-Nord. Là le vieux celtique a résisté au temps et à tous les efforts qui ont été tentés jusqu’ici pour le supplanter ; il s’est sans doute altéré, mais il domine toujours.

On ne rencontre encore actuellement dans les campagnes basses-bretonnes qu’un très-petit nombre de personnes familiarisées avec le français ; et, même à quelques pas des villes, un étranger éprouve souvent beaucoup de peine à se faire comprendre. Parmi les jeunes générations, ceux-mêmes qui ont fréquenté l’école durant plusieurs années, redeviennent vite, sous ce rapport, aussi ignorants que leurs concitoyens moins favorisés : au bout d’un temps très-court il leur est impossible de s’exprimer autrement qu’en patois.

Cette situation est surtout la conséquence inévitable de la tolérance qui existe et qui permet l’introduction du breton dans la classe. — Les lois qui régissent l’instruction