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REVUE PÉDAGOGIQUE.

primaire ne reconnaissent que le français comme la seule langue de l’école ; mais cette utile prescription n’est malheureusement pas encore partout observée. Par un préjugé regrettable, notre langue nationale, au lieu de régner en maîtresse, est considérée ici, par certaines personnes influentes, comme une étrangère que l’on n’admet en quelque sorte qu’à son corps défendant.

Je ne demande certes pas l’abandon complet du breton, qui est, je crois, une de nos curiosités les plus intéressantes ; je lui souhaite même, si cela est possible, de durer aussi longtemps que ces autres monuments de pierre qui nous restent d’un âge et d’un peuple peu connus. Mais, si cette vieille langue peut être en usage dans les relations du foyer, il me semble que ce serait rendre un grand service aux élèves de l’exclure de l’école.

L’enfant qui arrive en classe a besoin, il est vrai, de trouver dans l’instituteur un homme qu’il puisse comprendre et dont il soit lui-même compris ; mais tous les efforts du maître devraient tendre à amener cet enfant, aussi promptement que possible, à pouvoir se servir exclusivement du français pour tous les exercices scolaires. Or, il n’y a pas, actuellement, dans les écoles rurales, une moyenne supérieure à 10 ou 12 % des élèves connaissant le français et pouvant s’en servir d’une manière satisfaisante.

Je le répète, ce fâcheux état de choses vient principalement de ce que les prières et le catéchisme ne sont appris qu’en breton. Un assez grand nombre de familles n’envoient encore leurs enfants en classe que pendant le temps où ils doivent se préparer à la première communion : ces élèves, en quittant l’école, ne savent que quelques mots de français qu’ils ne tardent pas à oublier.