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LE SCARABÉE SACRÉ.

preuve en est palpable. Ouvrons la cellule où le bousier s’est retiré de ce monde. À toute heure du jour, nous trouverons l’insecte attablé, et, derrière lui, appendu encore à l’animal, un cordon continu grossièrement enroulé à la façon d’un tas de câbles. Sans explications, délicates à donner, aisément on devine ce que le dit cordon représente. La volumineuse houle passe, bouchée par bouchée, dans les voies digestives de l’insecte, cède ses principes nutritifs, et réparait du côté opposé filée en cordon. Eh bien, ce cordon sans rupture, souvent d’une seule pièce, toujours appendu à l’orifice de la filière, prouve surabondamment, sans autres observations, la continuité de l’acte digestif.

Quand les provisions touchent à leur fin, le câble déroulé est d’une longueur étonnante : cela se mesure par pans. Où trouver le pareil de tel estomac qui, de si triste pitance, afin que rien ne se perde au bilan de la vie, fait régal une semaine, des quinze jours sans discontinuer.

Toute la pelote passée à la filière, l’ermite reparaît au jour, cherche fortune, trouve, se façonne une nouvelle boule et recommence. Cette vie de liesse dure un ou deux mois, de mai en juin ; puis quand viennent les fortes chaleurs aimées des cigales, les scarabées prennent leurs quartiers d’été et s’enfouissent au frais dans le sol.’Ils reparaissent aux premières pluies d’automne, moins nombreux, moins actifs qu’au printemps, mais occupés alors apparemment de l’œuvre capitale, de l’avenir de leur race.