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L’EXPOSITION UNIVERSELLE.

L’Éducation morale. Il y a une chose qui paraît devoir rester forcément en dehors de cette montre pédagogique, ce sont les fruits d’éducation. Mais est-il impossible d’en faire voir les moyens, et le premier de ces moyens n’est-il pas la manière même dont l’enseignement proprement dit est dirigé ? De quoi s’agit-il en effet ? D’élever l’âme de l’enfant et de la fortifier. Pour atteindre ce but, ce sera déjà quelque chose que d’agrandir le champ des idées ; car l’intelligence ne peut élargir son horizon et embrasser de son regard un plus grand nombre de vérités, sans que la conscience morale en profite et ne reçoive le reflet de ces rayons nouveaux. Qu’il a bien dit le premier qui a dit que l’instruction est une lumière !

Il n’est pas nécessaire, pour cela, que l’enseignement primaire dépasse ses limites. Un enfant à qui on aura fait comprendre l’organisation d’un simple insecte, a des idées aussi justes sur la nature et son divin mécanisme que l’astronome qui étudie l’anneau de Saturne. Les hautes pensées naissent ainsi sans effort dans l’âme de l’enfant ; il contracte l’amour de la vérité, parce que la vérité est admirable : et comme toutes les vérités se tiennent et participent en quelque sorte les unes des autres, le voilà en bon chemin d’éducation.

C’est ce principe inaliénable, le Vrai, que je mettrais volontiers au frontispice de notre édifice scolaire, puisque ce principe a le privilége d’appartenir à la fois à l’ordre intellectuel et à l’ordre moral, et que par conséquent 1il réunit l’instruction et l’éducation. Sans faire un cours de morale, l’instituteur peut et doit rattacher tout son enseignement à cette idée, et en poursuivre dans tous les genres de connaissances les diverses manifestations ou applications. Il arrivera ainsi à fonder sur des principes