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REVUE PÉDAGOGIQUE.

sûrs, dérivés du bon sens lui-même, les règles de la conduite ; car le bon sens n’est que le sentiment pratique du vrai. Le sentiment du devoir, à son tour, n’est qu’une forme du bon sens, et l’héroïsme n’est que le suprême degré du devoir.

Surtout gardons-nous d’amollir chez les enfants ce sentiment du devoir. La qualité principale de l’âme, c’est la force. Les Spartiates l’avaient bien compris, eux dont tout le système d’éducation avait pour but de fortifier l’âme, de la rendre héroïque. Et c’est une question de savoir si, avec cette seule vertu, ils n’ont pas été un peuple égal ou supérieur à cette brillante Athènes, qui se complaisait à orner l’esprit encore plus qu’à fortifier l’âme de ses jeunes citoyens. Mais nous, que faisons-nous pour donner à l’enfant cette force intérieure, par laquelle plus tard il pourra réagir contre les rudes épreuves de la vie ? Je ne vois pas ce que notre éducation, dans son état actuel, comporte de moyens appropriés à ce but. Ne s’occupe-t-on pas plutôt d’atténuer la sévérité du régime scolaire, d’y introduire le bien-être, la commodité, et d’y semer les roses ? On n’ambitionne que de transformer le travail en amusement ; on déguise la peine et le devoir ; chacun s’évertue à trouver des adoucissements à l’arithmétique, des émollients à la grammaire, des jeux géographiques, des divertissements de syllabation. Sommes-nous dans la bonne voie ? Je demande aux maîtres consciencieux leurs observations à ce sujet.

Dans ces temps-ci où la lutte pour la vie est devenue, entre les nations et les individus, un combat de tous les instants, nous avons certes besoin de tremper énergiquement les caractères, de faire germer dans les âmes l’abnégation, le dévouement, et cette vertu du vouloir