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REVUE PÉDAGOGIQUE.

fance. Jusqu’à cinq ou six ans, les amusements lui sont nécessaires : « Les enfants ont des jeux qui leur sont naturels, et qu’ils trouvent d’eux-mêmes, lorsqu’ils sont ensemble[1]. »

Un réunira ceux d’une même bourgade dans les lieux consacrés aux dieux ; ils y prendront leurs récréations sous la surveillance de leurs nourrices, qui seront surveillées elles-mêmes par douze femmes choisies chaque année par les magistrats du sexe féminin, auxquels est confiée l’inspection des mariages[2]. « Ces femmes se rendront tous les jours dans les lieux sacrés où les enfants s’assemblent, et se serviront du ministère de quelque serviteur public pour châtier ceux qui seront en faute, si ce sont des étrangers ou des esclaves ; mais si c’est un citoyen, et qu’il prétende ne pas mériter la punition, elles le conduiront aux chefs de la cité pour être jugé ; s’il s’y soumet, elles le puniront elles-mêmes[3]. »

Ainsi, Platon accorde au châtiment assez d’importance pour le faire décréter par le gouvernement, lorsque l'enfant proteste contre la peine dont on veut frapper en lui un citoyen ! Ces précautions nous font un peu sourire ; mais la question n’en est pas moins une des plus délicates de la pédagogie. Dans quelle mesure doit-on laisser aux maîtres le droit de punir, et quelles garanties peut-on prendre contre leur brutalité possible, leurs emportements, leurs caprices, sans compromettre toutefois les intérêts de la discipline ? L’idée d’une sorte de cour d’appel n’est guère pratique ; car le châtiment n’est efficace que si on l’applique à

  1. Lois, p. 216.
  2. Ibid.
  3. Ibid.