Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
231
LES DOCTRINES PÉDAGOGIQUES DES GRECS.

l’instant même de la faute ; sinon l’enfant oublie vite la cause qui le rend juste et nécessaire, pour n’y voir qu’une cruauté révoltante dont il ne comprend plus la raison. Platon condamne comme Quintilien[1] les châtiments ignominieux. « Ce que nous disions des esclaves, qu’il ne fallait pas mêler, à leur égard, l’insulte à la correction, pour ne pas leur donner sujet de s’irriter, ni d’un autre côté les laisser devenir insolents par le défaut de punition, je le dis par rapport aux enfants de condition libre[2]. » Mais notre auteur ne s’explique pas assez, et on ne peut savoir au juste s’il admet les châtiments corporels. Cependant nous ne comprenons pas l’assistance du serviteur public dont il parlait tout à l’heure, autrement qu’armé de verges.

Passé l’âge de six ans, les deux sexes, jusqu’alors confondus ensemble pour se livrer à l’unique occupation du jeu, sont séparés, et chacun est soumis aux exercices qui lui conviennent. Les garçons apprennent à se tenir à cheval, à tirer de l’arc, à se servir du javelot et de la fronde.

À propos de ces exercices, Platon s’élève contre un préjugé qu’il attribue à son époque, mais dont nous constatons encore aujourd’hui l’existence, sans qu’il ait rien perdu de sa force ; aussi ne sera-t-il pas sans intérêt de nous y arrêter un instant. « On s’imagine, dit-il, par rapport à l’usage des mains et pour toutes les actions qui leur appartiennent, que la nature a mis de la différence entre la droite et la gauche ; car pour ce qui est des pieds et des autres membres inférieurs, il ne paraît pas qu’il y

  1. Instit. orat., l. I, ch. 3.
  2. Lois, p. 216.