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PROTECTION DE L’ENFANCE



La Société historique vient de publier une conférence faite devant elle sur les services publics de protection de l’enfance par M. Loys Brueyre, chef de la division des enfants assistés de la Seine. M. Brueyre était mieux placé que personne pour donner d’intéressants détails sar les enfants assistés et spécialement sur ceux qui sont placés sous le patronage du département de la Seine. Ce département ne protège pas moins de 47,000 enfants et dépense pour eux plus de six millions. Les autres départements de France réunis ont sous leur patronage 92,000 enfants dont la dépense flotte entre 9 et 10 millions.

M. Brueyre a parlé des services du département de la Seine qui s’étendent, comme on voit, à un nombre d’enfants supérieur à la moitié de ceux que protègent tous les autres départements, et pour lesquels on dépense près des deux tiers de la somme que le reste de la France consacre à cette œuvre si importante.

Les enfants assistés comprennent quatre catégories :

1° Les enfants trouvés : ce sont ceux qui, nés de père et de mère inconnus, ont été exposés dans un lieu quelconque ;

2° Les orphelins, ceux qui n’ont ni père ni mère et qui sont indigents ;

3° Les abandonnés, qui, nés de père et de mère connus, sont abandonnés sans qu’on sache ce que sont devenus leurs parents ;

4° Les enfants secourus, ceux dont les mères, trop pauvres pour les nourrir, seraient tentés de les abandonner ou les laisseraient mourir de faim. On vient en aide à ces mères malheureuses soit en les aidant à payer les mois de nourrice, soit, de préférence, en encourageant l’allaitement maternel. Ce dernier système a le double avantage d’attacher la mère à son enfant et de procurer une « notable économie de mortalité ».

Dans un exposé rapide, M. Brueyre a rappelé ce qui a été fait en France depuis le moyen-âge pour venir en aide aux enfants trouvés.

Bien longtemps la mère que la misère ou la honte forçait d’abandonner son enfant n’eut d’autre ressource que de l’exposer le long des chemins ou sous les portes des églises. Le petit être y mourait de faim et de froid s’il ne passait encore à temps une âme compatissante ou bien un bateleur en quête d’enfants à dresser pour l’aider dans sa profession. Sans doute, la tradition et quelques édits royaux mettaient ces abandonnés à la charge des seigneurs hauts justiciers, comme devoirs corollaires des droits d’épave et d’appartenance des trésors