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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1887.djvu/347

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PROTECTION DE L’ENFANCE

trouvés. Mais en fait les seigneurs ne s’en occupaient guère et rien n’était plus irrégulier et plus problématique que la charité de ces grands personnages.

Pourtant sous Charles V des personnes charitables avaient créé à Paris les hospices du Saint-Esprit et de Saint-Jacques ; sous François Ier on créa celui des Enfants-Rouges, ainsi nommé à cause de la couleur du costume des enfants qu’on y élevait. « On y louait les enfants trouvés pour pleurer aux convois des personnes riches ; d’autres, les plus jolis, figuraient aux processions ; d’autres enfin étaient placés sous le porche des églises, les jours de fête carillonnée, avec un écriteau sur la poitrine portant ces mots : « Faites bien à ces pauvres enfants trouvés. » On leur recommandait de pousser des cris lamentables pour attirer la charité et la commisération des passants. »

Mais les enfants de ces hospices étaient toujours des enfants trouvés sur la voie publique, et les mères n’avaient pas d’autre moyen d’abandonner leurs enfants que de les exposer ainsi.

Au xviie siècle saint Vincent de Paul, « monsieur Vincent » comme on l’appelait alors, émut l’opinion en faveur des enfants trouvés, réforma le régime des hospices où ces petits êtres vivaient misérables et périssaient en masse, y fit affluer les dons, et obtint que Louis XIII leur consacrât l’hospice de Bicêtre.

En 1670 les hospices d’enfants trouvés reçurent de Louis XIV une organisation plus complète : leurs revenus furent nettement déterminés ; on y consacra, entre autres, celui des amendes de police correctionnelle.

Ce n’est qu’au milieu du xviiie siècle que les mères purent enfin ne plus exposer à périr sur la voie publique les enfants qu’elles voulaient abandonner. M. Brueyre a dépouillé tous les procès-verbaux d’admission à l’hospice de la rue Denfert, et c’est en 1754 qu’il a vu apparaître le premier procès-verbal constatant l’abandon d’un enfant chez un officier de police. À partir de cette date ce système tendit à se substituer à celui de l’exposition publique.

En 1792 la Convention organisa l’admission directe dans les hospices et proclama le droit qu’aurait toute mère de faire élever son enfant nouveau-né aux frais de la nation sous le nom d’orphelin et d’enfant de la patrie.

Ce n’est qu’en 1811 que furent organisés les tours, dont l’installation a été attribuée bien à tort à saint Vincent de Paul. Ils fonctionnèrent à Paris de 1827 à 1862 ; mais la population parisienne s’en servit assez peu ; elle préférait s’adresser aux bureaux d’admission.

Aujourd’hui, dans le département de la Seine, lorsqu’une mère veut abandonner son enfant, elle n’a qu’à le porter à l’hospice de la rue Denfert ou chez le commissaire de police de son quartier. On ne lui demande pas d’autre pièce que le bulletin de naissance de l’enfant nécessaire pour lui assurer un état civil. On sait du reste qu’on a