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NÉCROLOGIE

chefs, ses subordonnées et ses amis, — et aussi l’horreur de l’intrigue. Jamais il ne demanda rien. Il ne dut qu’à son mérite et à l’estime de ses chefs ses promotions et les hautes fonctions qu’on lui confia,

Quand la mort de M. Clerc laissa vacante l’inspection générale de l’économat, M. Armagnac n’eût jamais songé à la solliciter. C’est M. Buisson qui la lui offrit et la lui fit obtenir. Toujours modeste, il s’effrayait un peu (je fus confident de ses scrupules) des responsabilités qu’il allait assumer. Et cependant, il s’était, sans y avoir songé, préparé à sa fonction nouvelle en prenant une part active et même prépondérante à la préparation du règlement de la comptabilité des écoles normales primaires. Toutefois, avant sa première tournée, il voulut faire un apprentissage technique. Aussi s’imposa-t-il d’emblée comme un inspecteur parfaitement compétent. Personne n’avait douté qu’il dût être un inspecteur consciencieux. Je le vois encore demandant à son successeur, me demandant à moi-même, simple rédacteur, ce que nous pensions de ses premiers rapports.

Avec quel tact il a exercé ses délicates fonctions ! Tous ceux qu’il a inspectés, et ils sont nombreux encore, se plairaient à le déclarer. Jamais directrice ou directeur d’école normale, jamais économe n’a été froissé par une de ses observations. Et combien d’ordonnateurs et de comptables ont trouvé près de lui la direction ou le conseil discret qu’ils sollicitaient ou dont ils avaient besoin.

Il avait pris sa retraite à soixante et un ans. Une santé très égale encore, un intérieur où il n’avait connu que des satisfactions lui donnèrent quelques années d’heureux loisir. C’était un lettré. Il lisait couramment l’anglais, l’allemand, l’italien, l’espagnol, le portugais. Il passait de longues heures à relire les grands classiques grecs, latins et français et aussi Dante et Cervantes et, volontiers, il les annotait. On voyait toujours sur sa table de travail un Homère ou un Sénèque, une Bible ou un Nicole. Et sa conversation se ressentait de son commerce avec les grandes œuvres.

Il a écrit aussi, moins qu’il n’aurait voulu, car l’administration lui laissait peu de temps. Il a publié de nombreux articles dans le Correspondant, le Magasin pittoresque, les Revues d’Enseignement. Outre la plaquette déjà citée sur sa campagne de 1870, il a