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REVUE PÉDAGOGIQUE

laissé des Études sur « l’Instruction primaire dans les classes agricoles en Angleterre », sur « les Bourses de l’Enseignement supérieur en France et à l’Étranger », une « Vie de Turenne » couronnée par l’Académie française et, enfin, la vie de son beau-père « Bonnassieux, statuaire, membre de l’Institut » qui est une excellente monographie.

Tout semblait présager à M. Armagnac une douce fin de carrière. Mais la guerre survint. Ses deux fils avaient été mobilisés dès le début des hostilités. Le second, Jacques, reçu à l’Inspection des Finances et bientôt nommé inspecteur général du Crédit Industriel et Commercial, partit comme lieutenant de réserve dans un régiment d’infanterie active. Il fut grièvement blessé à la tête de ses hommes le 22 août 1914, à Sainte-Marie-aux-Mines. Prisonnier, transporté à Strasbourg, puis à Munich, il mourut le 8 avril 1915 après d’atroces souffrances et une longue agonie.

Le martyre du fils fut le martyre du père et la mort de l’un porta le coup mortel à l’autre. Ils sont rares, les hommes qui, ayant gardé intacte leur faculté de sentir et de souffrir, possèdent encore, à soixante-quatorze ans, des réserves suffisantes de forces pour supporter de telles épreuves. Plus jeune on peut se résigner et survivre. M. Armagnac était fragile. Il lutta quelque temps, car il lui restait de chères affections, sa femme, son fils aîné, ses brus, sa petite-fille. Mais la blessure saignait et les forces diminuaient. Il dut subir une grave opération qui prolongea sa vie de quelques semaines. Et il est allé rejoindre sont fils au séjour que lui promettaient ses fermes espérances de chrétien.

C’était un homme de bien et un homme de cœur. Tous ceux qui l’ont connu l’ont aimé et respecté. Je voudrais que les lecteurs de ces lignes accordent aussi à sa mémoire ce respect auquel il avait tous les droits. Et comme conclusion j’emprunte encore quelques lignes à une lettre que M. Buisson adressait, ces jours-ci, à Mme Armagnac : « Sa parfaite droiture, son amour du bien publie — et du bien tout court, — un esprit ouvert à des progrès incessants, bien que toujours guidé par des principes fermes, faisaient de lui, dans le monde de l’administration, une figure à part, ct le charme de son caractère, sa modestie et sa foncière bienveillance, lui avaient gagné le cœur de tous. »