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L’ENSEIGNEMENT CHEZ LES INDIGÈNES MUSULMANS D’ALGÉRIE

aurait « marchandé » à la colonie les crédits nécessaires[1]. « Si quelque chose a manqué, nous dit-on, c’est l’argent et rien que l’argent ; le jour où nous aurions eu les crédits nécessaires, vous auriez vu l’Algérie se couvrir d’écoles et ces écoles eussent été fréquentées[2]. » On pourrait donc espérer que nous en avons fini avec « cette méfiance, cette secrète malveillance, cette habitude invétérée de scepticisme quand il s’agit de l’école arabe, cet état d’esprit particulier qui sévit sur cette grave question, » et qu’un des orateurs du Sénat dénonçait comme le plus gros obstacle à toute amélioration[3]. Peut-être les faits ne répondent-ils pas toujours aux affirmations des défenseurs de la colonie ; mais celles-ci ont leur importance comme indice de dispositions rassurantes dans la presse et dans la représentation de l’Algérie.

I

En 1880, il n’existait en Algérie qu’une dizaine d’écoles spécialement destinées aux indigènes. En voici la liste, avec indication de la date de fondation ou de réorganisation[4] : Alger, rue Porte-Neuve (1850) ; Tamazirt (1873) ; Oran, village nègre (1850) ; Mostaganem, rue Moïse (1850) ; Tlemcen ; Nedroma (1865), l’Hillil (à Kalâa, 1871) et Renault (à Mazouna, 1866), trois communes mixtes du département d’Oran ; Constantine, garçons (1850) et filles (1850) ; Tuggurt (1878) ; Biskra (1851). La liste serait un peu plus longue si l’on y ajoutait quelques écoles qui ont disparu depuis et qui sans doute n’ont jamais été bien florissantes.

La plupart de celles qui subsistaient en 1880 procédaient des écoles dites arabes-françaises, fondées par le maréchal Randon, ministre de la guerre, en vertu du décret du 14 juillet 1850. Les écoles arabes-françaises, créées et entretenues par l’autorité militaire, alors souveraine en Algérie, subirent des vicissitudes

  1. Discours de M. Mauguin au Sénat, 27 février 1891.
  2. Discours de M. Tirman au Sénat, 26 février 1891.
  3. Discours de M. Jules Ferry au Sénat, 6 mars 1891.
  4. Les dates sont empruntées à la statistique annexée au fascicule 41 des Mémoires et documents publiés par le Musée pédagogique, Paris, 1888. — Voy. Foncin, L’instruction des indigènes en Algérie, Paris, Chamerot, 1883.