Page:Revue pédagogique, second semestre, 1891.djvu/505

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
CHEZ LES INDIGÈNES MUSULMANS D’ALGÉRIE,
NOTAMMENT DANS LA GRANDE-KABYLIE
(Suite)
[1]


III

L’autre distinction que nous avons à faire est d’ordre géographique et ethnographique. Il importe, en effet, de distinguer entre les régions où la population musulmane est sédentaire, dense, compacte, et celles où elle est clair-semée et nomade. Dans les premières, évidemment, les sacrifices consentis en faveur de l’instruction sont appelés à donner plus de résultats. Parmi elles, il y en a trois qui méritent d’attirer plus particulièrement notre attention : la Grande-Kabylie, qu’entourent presque entièrement l’Oued-Isser et l’Oued-Sahel, ainsi que les lignes de chemin de fer qui suivent ces deux vallées ; la Petite-Kabylie, qui s’étend de l’Oued-Sahel à l’Oued-el-Kebir ; l’Aurès, c’est-à-dire ce massif qui s’élève entre les steppes de Batna et le désert de Biskra. Ces trois régions, toutes trois montagneuses, ont, en outre, ceci de commun qu’elles sont habitées par la race dite berbère et qu’on y parle des dialectes berbères : le kabyle dans les deux Kabylies, le chaouïa dans l’Aurès.

Les tribus de langue berbère forment, pour l’Algérie, un total de 795,255 âmes, dont 412,162 pour la province d’Alger, 35,761 pour celle d’Oran, 347,332 pour la province de Constantine. Or les masses principales de Berbères berbérisants sont précisément dans la Grande-Kabylie, avec environ 467,000 âmes sur 525,000 hectares, la Petite-Kabylie avec environ 200,000 âmes sur 485,000 hectares, l’Aurès avec environ 30, 000 âmes. La Grande-Kabylie, à peine plus étendue que la Petite-Kabylie, est des trois régions la plus peuplée. La population y atteint une densité de 75 habitants

  1. Voir la Revue du 15 novembre 1891.