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Nécrologie : Auguste Boutan

L’Université vient de perdre en la personne de M. Boutan un de ses plus parfaits serviteurs.

Il était né à Lectoure, en 1820. Il faisait ses études au collège de cette ville, lorsqu’un inspecteur général fut frappé de son aptitude pour les sciences physiques. Son père, modeste médecin, l’envoya à Paris, au collège Rollin, comme élève externe ; à vingt ans, il était admis à l’École normale. Reçu agrégé, il professa successivement la physique à Avignon, Grenoble, Rouen, Versailles et Saint-Louis. Divers mémoires sur des questions de photométrie et d’électricité mirent son nom en lumière, mais son premier succès lui vint lors d’une série de conférences qu’il fit dans le vieil amphithéâtre de la Sorbonne, à la demande de l’Association pour l’avancement des sciences. Gascon de bonne race, aussi lettré que savant, Auguste Boutan parlait avec une rare élégance ; il était naturellement éloquent, persuasif, concis et clair. Nul ne savait comme lui vulgariser un problème scientifique et instruire l’auditoire sans lasser son attention. Après l’avoir entendu à la Sorbonne, un juge peu suspect de complaisance, l’illustre Le Verrier, n’hésita pas à le proclamer « le plus clair de nos orateurs scientifiques ».

Ce fut peu après cette brillante conférence sur « l’Eau », dont on garda longtemps le souvenir dans l’Université, que le ministre Victor Duruy, son ancien collègue, offrit à M. Boutan le provisorat du lycée Saint-Louis. L’offre était peu tentante. Ce lycée avait périclité ; il s’agissait d’y restaurer la discipline et d’en relever les études. Le professeur supplia le ministre de le laisser dans sa chaire, M. Duruy fut pressant, impérieux ; il fit appel au