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penjon. — la métaphysique de j. ferrier

et s’unissent à ce que Platon appelle une idée, à ce que nous appelons le moi ; c’est de se rappeler que nous ne pouvons connaître les choses en elles-mêmes sans contradiction. C’est à la philosophie de corriger cette contradiction trop ordinaire, et par là elle ne manquera certainement pas de se réconcilier avec le sens commun, car elle aura supprimé les mystères que la psychologie laisse subsister dans sa théorie de la connaissance.

« Il n’y a pas de pur relatif dans la connaissance : en d’autres termes, le relatif par lui-même est de toute nécessité inconnaissable et inconnu. »

« Les objets, quels qu’ils puissent être, etc. (V. prop. XV), sont le relatif dans la connaissance. »

« Il y a un absolu dans la connaissance ; en d’autres termes, quelque chose d’absolu est connaissable et connu de nous. »

« L’objet plus le sujet est l’absolu dans la connaissance ; la matière mecum, etc. (V. prop. XVII), est l’absolu dans la connaissance. Cette synthèse, sous ces noms différents, est l’absolu connaissable et connu. »

Ces quatre propositions reproduisent à un point de vue un peu différent les quatre précédentes. La plus importante, la dernière, permet de réfuter ceux qui soutiennent que la connaissance humaine est purement relative. Leur erreur est facile à comprendre : il est certain que l’objet et le sujet pris séparément sont relatifs ; mais ne pouvons-nous connaître ensemble ces deux termes ? Toute connaissance n’est-elle pas une synthèse de ces deux éléments ? Cette synthèse elle-même n’est pas relative, car il n’existe pas de terme correspondant, et il faudrait, par définition, lui en trouver un.

Kant était d’avis qu’il avait réfuté pour toujours la doctrine de l’absolu en déclarant que « tout ce que nous connaissons doit être conforme à la constitution de nos facultés de connaître. » C’est une vérité. Mais Kant semble avoir pensé que si nous ne pouvons connaître les choses matérielles absolument, c’est-à-dire hors de toute relation avec nos facultés, d’autres intelligences peut-être en sont capables. Mais cette supposition, nous l’avons montré, implique contradiction : ce que nous avons dit de l’intelligence humaine vaut pour toutes les intelligences, et il est étrange qu’un si grand génie n’ait pas vu que les lois de la raison humaine s’appliquent nécessairement à toute raison, qu’aucun intellect, actuel ou possible, ne peut connaître les choses autrement que comme il est capable de les connaître.

Nous voici arrivés à la dernière proposition de l’Épistémologie : « Les sens sont les conditions contingentes de la connaissance : en