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ch. bénard. — l’esthétique de max schasler

qui leur correspondent. Le dernier seul est le procédé philosophique, il achève et couronne les deux autres.

Il nous fallait marquer avant tout cette théorie de l’auteur aussi bien que le but auquel il tend. Cette théorie, il doit l’appliquer à toutes les questions de la science qu’il traite et d’abord à son histoire. Elle servira à nous y orienter. C’est ainsi qu’il entend le processus dialectique combiné avec la méthode expérimentale ou inductive. De cette méthode doit éclore tout le système. Elle nous montrera d’abord comment s’est effectuée cette « genèse de la conscience esthétique », son développement à tous les degrés et dans son ensemble. Elle sert à enchaîner toutes les parties du développement historique, à marquer les époques et les points de vue successifs des diverses écoles. Elle nous met dans la main le fil conducteur qui doit nous guider dans ce labyrinthe des systèmes qu’elle doit nous faire comprendre et apprécier.

Maintenant que nous avons la clef de ce livre, nous en donnerons une rapide analyse en y joignant quelques critiques.


III


Le tout se divise en trois sections. La première est intitulée : Critique des différents points de vue généraux, sous lesquels le beau et l’art peuvent être considérés. — La deuxième, qui est le corps de l’ouvrage, est l’Histoire critique de l’esthétique elle-même. — La troisième nous donne le résultat de cette histoire : la conciliation de l’idéalisme et du réalisme comme postulat d’un troisième degré, et,comme but, la fondation d’un nouveau système.

Ces trois parties sont loin d’avoir la même étendue et la même importance. La première n’est qu’une sorte d’introduction. Elle fait néanmoins partie intégrante du système. Elle ne manque pas d’ailleurs d’intérêt et elle a au moins le mérite de l’originalité. Ayant à faire connaître à des lecteurs français un livre allemand, nous ne pouvons nous dispenser de nous y arrêter.

L’auteur entreprend de décrire selon la méthode hégélienne, c’est-à-dire en observant la gradation qui conduit d’un degré inférieur au supérieur, par position, opposition et conciliation, tous les modes de la connaissance esthétique depuis le plus bas, qui est la connaissance empirique ou vulgaire, jusqu’au plus élevé, la connaissance scientifique et philosophique, en marquant tous les intermédiaires et en établissant leurs rapports. Il nous fait ainsi comme