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périodiques.Philosophische Monatshefte.

avait subi de profondes lésions, sans que l’exercice des fonctions intellectuelles eût ressenti la moindre perturbation ; que les diverses parties de la substance corticale peuvent, en général, éprouver de graves altérations, sans qu’on constate la perte d’une faculté, mais seulement un affaiblissement de l’activité intellectuelle. Ne suit-il pas de là que l’intelligence a son centre en tous les points des hémisphères, que les diverses cellules de la substance grise se substituent aisément les unes aux autres ; que Herbart et Lotze enfin sont en contradiction avec les faits lorsqu’ils veulent fixer en un point unique, indivisible du cerveau, le centre de l’activité consciente ? — Cette nouvelle manière de voir permet d’expliquer par le jeu des représentations inconscientes, c’est-à-dire inconscientes pour nous, pour la conscience cérébrale, l’action déjà mentionnée des réflexes, les rêves, le somnambulisme, la différence qualitative des perceptions sensibles, etc. Nous ne faisons que mentionner ces diverses études de notre auteur ; elles nous paraissent instructives au plus haut point malgré leur brièveté. — La conscience, c’est-à-dire le passage de l’inconscience à la conscience, ainsi expliquée, Böhm passe à l’analyse de la conscience de soi, ou de la conscience de la personnalité (Selbstbewusstsein) qu’on a le tort de confondre souvent avec la première, dont elle n’est, à vrai dire, qu’un accident, qu’une forme passagère, sans doute la plus haute. Il en soumet le développement aux quatre lois suivantes : 1o plus s’accroît le nombre des représentations, plus la conscience se développe ; 2º plus la même représentation se répète, plus la conscience de soi se fortifie et s’étend ; 3o plus, au contraire, les représentations sont différentes les unes des autres, plus la conscience de soi est obscure ; 4o enfin plus la conscience est énergique, plus est faible la conscience de soi.

Nous avons abrégé à regret l’analyse de cette savante étude. Nous voudrions qu’elle suffît à montrer l’intérêt et la nouveauté de la théorie présentée par l’auteur avec tant de science et de sagacité. On aura remarqué sans peine que Böhm, malgré certaines dissidences de détail, partage au fond la doctrine psychologique, que développe avec étendue M. de Hartmann sur l’origine de la conscience dans la philosophie de l’Inconscient.

Nous attendons, comme nous l’avons déjà annoncé dans notre cinquième numéro, que le compte-rendu de l’histoire du platonisme par le prof, von Stein, de Rostock, ait été entièrement achevé, pour entretenir DOS lecteurs de cet important ouvrage.

Ve Livraison. — Opitz étudie Spinoza à un triple point de vue, comme moniste, comme déterministe, comme réaliste. Des trois parties de cette rapide étude, la première est un excellent résumé de la doctrine Spinoziste, d’ailleurs très-connue, de la Substance. L’auteur éclaire heureusement la théorie des rapports de l’âme et du corps, en rappelant ce mot de Lessing : « L’âme n’est que le corps, en tant qu’il se pense lui-même ; le corps, l’âme en tant qu’elle se développe dans l’étendue. » Ce n’est pas avec moins de sagacité que le passage de l’infini au fini est