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mentionné spécialement comme un point obscur, comme une lacune importante dans le système, d’ailleurs si solidement construit, de Spinoza. Mais pourquoi l’auteur tient-il à distinguer du panthéisme le monisme de Spinoza ? Le vrai panthéisme, selon Opitz, affirme que la nature est Dieu, tandis que Spinoza dit que Dieu est la Substance, c’est-à-dire, l’essence, le principe éternel des choses, et distingue entre la natura naturans et la natura naturata. Pourtant on ne trouve pas moins souvent chez lui cette autre formule : Deus sive natura. Le déterminisme de Spinoza est traité avec moins de faveur que son monisme, et arrache au critique des jugements d’une sévérité presque passionnée. « On sent que le système de Spinoza est celui d’un homme malade ; il n’a pas les couleurs de la santé. » — Sous la rubrique assez mal choisie de Spinoza comme réaliste, nous trouvons un exposé confus de la morale de ce philosophe, qu’Opitz nous paraît trop rapprocher de celle de Hobbes, des théories politiques, de la polémique contre les miracles, du problème des rapports de l’État et de l’Église, des principales questions enfin auxquelles est consacré le « Tractatus theologico-politicus ».

Le Dr Herm. Müller donne une traduction nouvelle, et propose quelques corrections intéressantes du texte de la cinquième Ennéade « Περὶ τοῦ νοητοῦ ϰάλλους ». De rapides considérations sur la théorie du beau dans Plotin servent d’introduction à ce travail d’une solide et discrète érudition.




ZEITSCHRIFT FUER PHILOSOPHIE UND PHILOSOPHISCHE KRITIK
(1876. Nº 2.)
ARTICLES ORIGINAUX.

Le Dr Steffens continue dans un troisième article l’analyse et le commentaire des passages d’Aristote qui intéressent les débuts de la philosophie grecque de Thalès à Platon. La présente étude est consacrée aux Éléates et aux Pythagoriciens.

À propos des origines de la statistique morale, le Dr Rehnisch nous présente un résumé attachant des travaux de Quételet. L’ouvrage de Quételet « sur l’homme et le développement de ses facultés ou essai de physique sociale » (1835, Paris) marque les débuts de la science nouvelle, qui entreprend de soumettre au calcul, d’expliquer par « la loi des grands nombres » non-seulement la proportion des naissances, de la mortalité, la croissance, le poids de l’homme, en un mot les accidents naturels de la vie, mais même les faits qui semblent relever du libre arbitre de l’homme, comme le penchant au crime, les suicides, les mariages, etc. Les recherches antérieures, provoquées par les sociétés d’assurances, avaient tourné dans cette direction l’esprit calculateur de Quételet ; mais il aimait à placer son entreprise sous l’autorité du grand nom de Laplace, en inscrivant en tête de son ouvrage sur l’homme