Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, III.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
revue philosophique

intelligent, pouvant seul rendre compte de l’adaptation de certains mouvements à des fins déterminées. Le fait suivant est un des principaux qui ont servi de point de départ à cette théorie. « Si l’on met une goutte d’acide acétique sur la cuisse d’une grenouille décapitée, la patte du même côté se relève pour essayer de frotter la cuisse. Si cette patte est coupée, et si l’on applique de l’acide acétique comme auparavant, l’animal fait les mômes tentatives, mais comme il ne peut, avec le moignon, atteindre le point irrité, après quelques moments d’indécision et d’agitation apparentes, il essaie avec l’autre patte d’enlever l’acide. » D’après M. Ferrier, rien ne prouve l’existence de ce pouvoir psychique, et il rapporte avec Lotze ces actes complexes à l’organisation d’habitudes acquises ou héréditaires.

II. Moelle allongée. Elle n’est qu’un prolongement anatomique et en quelque sorte physiologique de la moelle épinière. Elle a comme elle un double rôle conducteur et excito-moteur ; mais elle acquiert une importance particulière comme étant le centre des principales fonctions organiques. Elle préside, en effet, aux mouvements du cœur, des poumons (nœud-vital), à la déglutition, à la phonation, à la coordination des mouvements qui ont rapport à la production du langage articulé, et à la « manifestation réflexe de l’expression faciale. » C’est, enfin, le principal centre vaso-moteur. « La moelle allongée est donc un centre coordonnateur des actions réflexes essentielles au maintien de la vie. Si tous les centres situés au-dessus sont enlevés, la vie peut continuer, les mouvements respiratoires peuvent se produire avec leur rhythme accoutumé, le cœur peut continuer à battre et la circulation se maintenir, l’animal peut avaler la nourriture introduite dans sa bouche, il peut réagir contre les impressions auxquelles il est soumis, retirer ses membres, ou faire un saut irrégulier, ou même proférer un cri comme dans la douleur, et cependant n’être qu’un simple mécanisme réflexe, sans sentiment, sans intelligence. »

III. Protubérance, corps quadrijumeaux et cervelet. Avant de les examiner isolément M. Ferrier a étudié ces divers centres dans leur ensemble. D’une façon générale, ils président au maintien de l’équilibre, à la coordination des mouvements et à l’expression instinctive des émotions, — l’expression des émotions ne paraissant toutefois avoir aucun rapport avec le cervelet.

À propos du maintien de l’équilibre, M. Ferrier étudie avec soin l’influence des impressions tactiles, visuelles et labyrinthiques ; mais ses idées sur la pathogénie de l’ataxie, et son explication des lésions des canaux semi-circulaires (qui, comme l’on sait, produisent chez l’homme un vertige spécial) prêtent trop à la controverse et reposent sur une analyse physiologique trop minutieuse pour pouvoir être analysées ici.

Quand on enlève à un animal capable de supporter cette opération les hémisphères cérébraux, y compris la couche optique et les corps striés ou constate que le sujet de l’expérience, outre qu’il conserve de l’équi-