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ANALYSESferrier. — Fonctions du Cerveau.

libre et le pouvoir de coordonner ses mouvements, est de plus capable d’exprimer certaines formes d’émotions, de proférer par exemple des cris plaintifs à la suite d’une excitation douloureuse. Certains physiologistes admettent même que dans ces conditions l’animal « voit et entend, qu’il sent les odeurs et les saveurs et a encore des sensations tactiles. » (Vulpian, Longet, etc.) On fait ainsi de la protubérance, qui est ici principalement en cause, une sorte de sensorium commune, un lieu où les impressions se transformeraient en perceptions brutes, en sensations, pour être ultérieurement élaborées par la substance corticale du cerveau. En somme, la question que nous avons indiquée à propos de la moelle épinière se pose encore. — La protubérance est-elle le siège de phénomènes de conscience ?M. Ferrier rejette cette idée d’une sensation d’avant-poste qui n’est qu’une induction puisqu’elle n’a jamais été constatée subjectivement, et qui en définitive n’est pas une hypothèse nécessaire. Il ne voit, dans ces cris plaintifs, dans ces actes qui suivent une impression de l’organe de la vue, du toucher, etc., qu’un phénomène réflexe d’ordre supérieur, plus compliqué, mieux adapté que ceux que l’on observe dans la moelle épinière ; et là encore il accepte cette hypothèse de Lotze « que des réactions qui paraissent intelligentes peuvent être le résultat de connexions organiques établies entre certaines impressions et certaines actions par l’expérience passée, dans des circonstances semblables. » Certaines expériences de Goltz montrent cependant que la protubérance a par elle-même quelque spontanéité. Mais cette spontanéité n’autorise pas à faire intervenir ici la conscience. D’ailleurs la pathologie humaine est faite pour trancher la question en ce qui concerne les animaux supérieurs. Par suite d’hémorrhagies ou de ramollissement, l’expansion cérébrale des pédoncules peut être sectionnée d’un côté, de manière à interrompre les connexions des circonvolutions et des nerfs sensitifs. Or, dans ces circonstances il y a une hémianesthésie totale du côté opposé du corps. (L. Türck, Charcot). M. Veyssière, en déterminant expérimentalement la même lésion chez le chien, a observé les mêmes effets. Mais le fait a plus d’importance chez l’homme, car le patient peut rendre compte des phénomènes subjectifs qu’il éprouve, et nos connaissances en psychologie comparée ne sont pas assez précises pour nous permettre d’affirmer que chez un animal d’ordre inférieur tel phénomène correspond, ou non, à une sensation.

Voyons maintenant ce qui appartient en propre à chacun des centres que nous avons écrits en tête de ce paragraphe.

Protubérance. C’est à elle, nous l’avons déjà dit, qu’il faut rapporter, en grande partie, l’expression instinctive des émotions. Elle joue aussi un rôle dans l’équilibre et la coordination des mouvements, non comme centre, mais plutôt en ce qu’elle contient les parties accessoires, conductrices d’un mécanisme, dont le rouage principal est ailleurs.

Tubercules quadrijumeaux ou Lobes optiques. Si l’on détruit isolément les tubercules quadrijumeaux, on détermine, outre des troubles