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ANALYSESschmid. — Die Darwinischen Theorien..

d’exactitude et de mesure, il recherche curieusement dans la Descendance de l’homme, tous les caractères physiques, particulièrement les organes rudimentaires qui, chez l’homme, rappellent ses ancêtres du règne animal. Il poursuit ce rapprochement, pour les caractères moraux, dans le livre de « l’Expression des émotions chez l’homme et l’animal, 1872. »

Hæckel avait publié dès 1866 sa Morphologie générale, qui reste peut-être son œuvre la plus originale. Son Histoire naturelle de la création est de 1868. C’est à propos de ce second ouvrage de l’illustre naturaliste d’Iéna, que Darwin avouait qu’il n’aurait pas composé son livre sur la descendance de l’homme, si Hæckel n’avait écrit déjà sur le même sujet. L’Anthropogénie de Hæckel est de 1874. La généalogie de l’homme, dressée par Hæckel, commence aux monères, formes inférieures de l’organisme, aux cytodes, cellules sans noyau ni enveloppe, dont Thomas Huxley a découvert dans le Bathybius. la forme la plus infime. Le passage des mollusques aux vertébrés se fait par les ascidies, avec le cordon de leur larve. Au milieu de toutes ses aventureuses hypothèses, Hæckel se plaît à multiplier les attaques les plus passionnées contre les croyances morales ou religieuses de l’humanité, contre la liberté, le devoir, la personnalité divine.

Toute l’école matérialiste applaudit et se rallie avec enthousiasme au monisme athée du professeur d’Iéna. Oscar Schmidt, dans l’ouvrage déjà cité, Descendance et Darwinisme, admet l’autorité absolue de la théorie de la sélection, et toutes les conséquences qui s’en tirent. Il en est de même, avec quelques réserves toutefois, pour Gustave Jæger, Schleiden, Bernhard Gotta.

Mais la théorie de l’évolution n’a pas trouvé auprès des représentants spéciaux des diverses sciences l’adhésion unanime et sans réserves que réclame impérieusement le monisme hautain et tranchant de Hæckel et de ses partisans. Les naturalistes comme von Baer, Richard Owen, Gegenbaur, Nægeli, Karl Vogt, ont dirigé contre elle des objections nombreuses. D’autres ne l’acceptent qu’en la modifiant profondément par d’importantes additions ou de graves corrections : Moriz Wagner, par sa théorie des migrations (Isolirungstheorie) ; Wigand, par son hypothèse des cellules primordiales (Urzellen) ; Kœlliker par sa doctrine de la génération hétérogène (heterogene Zeugung).

Les études d’anthropologie préhistorique ou comparée présentent la même diversité de vues entre les savants. Tandis que Charles Lyell, dans son Antiquité de l’homme, et John Lubbock dans les Origines de la civilisation, 1870, et les Temps préhistoriques, 1873, ou Tylor, dans son Histoire primitive de l’humanité, soutiennent que l’homme s’est graduellement développé de l’extrême sauvagerie à la civilisation, le duc d’Argyll dans son Homme primitif (Primæval man, 1869) entreprend de prouver que l’homme a débuté par la perfection. L’anthropologie comparée se montre également divisée sur la difficile question de savoir si tous les peuples ont une religion, ou non. Lubbock