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La vie purement physiologique suppose une décomposition et une recomposition incessantes. Si la décomposition est empêchée, comme le font certains poisons, la vie s’arrête. De même, la vie psychique suppose la réaction motrice au même titre que la réceptivité sensitive. Supprimez les éléments moteurs, la vie psychique devient impossible ; modifiez-les, elle se modifie : c’est ce qui ressortira de cette courte étude.

Pour le psychologue qui ne se borne pas à interroger sa conscience, l’étude des mouvements n’est donc pas une curiosité et un épisode. Elle forme un chapitre de cette investigation qu’il doit poursuivre en partie double, sans jamais séparer les données du sens intime des données physiologiques. Si bizarre que le titre puisse paraître, il y a à faire une psychologie des mouvements, ou pour mieux dire une psychophysiologie : tâche ingrate et difficile, dont on peut à peine essayer une ébauche. Le sujet est trop peu exploré, les matériaux sont trop peu nombreux, les enseignements de la physiologie trop discutés, pour qu’on puisse espérer mieux. Une étude critique de tous les processus psychiques dans leurs rapports avec le mouvement, même réduite à ce qu’il est possible d’affirmer, demanderait un long travail, et nous n’avons pas l’intention de le tenter ici. Nous voudrions simplement en montrer l’importance par l’examen de quelques parties du sujet.

Au point de vue qui nous occupe, les mouvements peuvent être considérés de deux manières :

1oComme faisant partie intégrante de certains états de conscience qui, sans eux, disparaissent ou changent de caractère ;

2oComme résultant de certains états de conscience qu’ils traduisent au dehors et complètent.

I

Il est évident, même avant toute recherche, que le premier cas est le plus important, puisque, au lieu de nous montrer le mouvement du dehors et comme un fait de réaction, il nous le montre dans la conscience même, dans la nature intime du fait psychique ; cependant il a été le plus négligé. C’est par lui que nous devons commencer. Parcourons donc rapidement la série des états de conscience, en notant ce qui est propre aux mouvements.

Au plus bas degré, nous rencontrons les actes réflexes simples, ceux où l’excitation d’un nerf périphérique est suivie de mouvements peu complexes, comme dans la toux et l’éternument ; ou, mieux