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se réduit à une transmission aux centres, à une modification centrale et à un mouvement, l’étude de l’élément moteur s’impose naturellement.

La valeur psychologique des actes réflexes simples est trop peu connue pour qu’on s’aventure à dogmatiser sur ce sujet ; mais, en descendant jusqu’à eux, nous avons eu l’avantage de bien poser la question, c’est-à-dire de l’embrasser dans sa totalité.

Ce qui vient d’être dit est applicable aux instincts qui ne sont que des réflexes, composés à divers degrés. « Tandis que, dans l’action réflexe simple, une seule impression est suivie d’une seule contraction ; tandis que, dans les formes les plus développées de l’action réflexe, une seule impression est suivie d’une combinaison de contractions ; dans celles que nous distinguons sous le nom d’instincts, une combinaison d’impressions produit une combinaison de contractions ; et dans la forme la plus élevée, dans l’instinct le plus complexe, il y a des coordinations qui tendent à la fois à diriger et à exécuter[1]. » On peut répéter ici ce qui a été dit plus haut : dans les actes instinctifs, comme dans les actes réflexes, l’excitation initiale est souvent très difficile à déterminer ; au contraire, la période de réaction est la mieux connue, la plus importante, la plus frappante. Dans l’instinct, le rôle principal est aux mouvements : supprimez-les en pensée, l’instinct disparaît ; car il est impossible de séparer l’impulsion de l’acte, la tendance du mouvement qui en est la transformation nécessaire. Il est même présumable que les formes les plus élevées de l’instinct, n’étant pas régies par un automatisme absolu et révélant chez l’animal la faculté de s’adapter à des conditions nouvelles, sont toujours accompagnées d’un certain degré de conscience. Il est présumable aussi que, dans ce cas, le mécanisme des mouvements ne s’exécute pas sans constituer un apport à cette conscience naissante ; mais nous ne voulons risquer aucune conjecture sur ce point.

Nous arrivons à un état vraiment psychique, puisqu’il est conscient, et où le mouvement joue le rôle essentiel : il s’agit des sensations musculaires. L’ancienne école s’en est bien peu occupée. À la vérité, Maine de Biran parle souvent du sentiment de l’effort, et il lui attribue une grande importance ; mais il se hâte d’en faire la base d’une métaphysique, de lui demander des révélations mystérieuses sur l’essence des choses et de sortir du domaine psychologique. La physiologie, qui ne se lance pas dans ces hautes questions, a

  1. Herbert Spencer, Principes de psychologie, t. I, p. 194.