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il se donne à tort pour modèle de l’espèce. M. Oltramare, qui a étudié les Idées de J. −J. Rousseau sur l’Education, s’exagère beaucoup, selon nous, la valeur des principes philosophiques sur lesquels est basé l’Emile. Il admire à l’excès l’idée très incomplète et obscure d’avoir voulu « former l’homme-type en dehors de toute autre préoccupation ». — « Au lieu de faire de la culture contemporaine, c’est-à-dire au fond de la tradition, son premier principe et son point de départ, l’unique critère de ce qui est bien et de ce qui est mal en fait d’éducation, Rousseau a mis en première ligne la nature, en se réservant de faire à la civilisation les concessions nécessaires. » Nous estimons que l’éducation doit dès le plus jeune âge faire de chacun de nous l’homme de son temps et de son milieu ; cette tâche, plus sûre, est par elle-même assez belle et assez difficile. Le procédé d’éducation que recommande le philosophe genevois pour « être d’abord ce que nous fit la nature », ressemble trop à une conclusion hasardeuse tirée du prétendu principe métaphysique que l’homme naît bon.

Les limites de ce compte rendu ne nous permettent point de passer en revue les différentes périodes éducatives distinguées par Rousseau et d’apprécier ses idées particulières sur la conduite à tenir à l’égard de l’enfant durant ces étapes successives. À côté d’idées fausses, on y trouve de précieux conseils dont la pédagogie moderne a fait son profit. Tenons-nous-en, pour le reste, à ces paroles de M. Oltramare : c Ce serait merveille en vérité qu’il eût pénétré tous les secrets de la nature humaine, et résolu tous les problèmes de l’éducation. La psychologie est loin encore d’avoir dit son dernier mot ; or, sans une bonne psychologie, il n’y a pas de pédagogie possible. »

Les Idées religieuses de Rousseau, qui ne sont pas un des moindres côtés de sa physionomie, ont été étudiées avec soin par M. Bouvier. L’auteur de cette conférence explique la religiosité de Rousseau par trois sortes d’influences : le protestantisme, la mysticité du cœur, la lutte contre l’athéisme. Le second de ces éléments, héritage maternel en partie, « ne s’épanouit qu’en Savoie, dans la chaude, trop chaude atmosphère de la vie champêtre et des tendres émotions, à l’école de la nature, de la musique, du catholicisme et de la femme. »

Tout a été dit sur l’influence littéraire du prestigieux écrivain. M. Marc Monnier, dans une étude sur « J. –J. Rousseau et les étrangers » qu’il est juste de signaler, a cependant trouvé moyen de rafraîchir cet intéressant sujet à l’aide d’ingénieux rapprochements.

A. Debon.

A. Herzen. — Il moto psichico e la coscienza : Studi. Firenze, Bocca. 80 p. in-8o.

Sous ce titre, l’auteur a recueilli divers articles consacrés aux sujets suivants : sur la méthode à suivre dans l’étude de la psychologie ; objec-