LA PHILOSOPHIE DES IDÉES-FORCES
Nous avons essayé, dans La liberté et le déterminisme et dans un livre plus récent sur l’Idée moderne du droit, de montrer que les idées sont des forces efficaces, que l’idéal conçu par l’homme est une puissance qui tend à se réaliser en lui et, par lui, dans la nature, enfin que sur ce principe peut s’édifier une philosophie propre à concilier le naturalisme et l’idéalisme. On nous demande de nouveaux éclaircissements sur cette doctrine, que nous avons déjà appliquée à la question morale de la liberté et à la question sociale du droit ; on nous demande aussi d’examiner les principales objections qui nous ont été adressées. Nous n’aimons guère la polémique, et la preuve en est que nous n’avons pas jusqu’ici répondu un seul mot aux critiques souvent très vives dont le système proposé par nous a été l’objet dès le début et récemment encore[1] ; toutefois nous reconnaissons que, dans l’intérêt des hautes questions philosophiques, il est bon de livrer les idées à une discussion contradictoire ; attaquées par les uns, défendues par les autres, remuées ainsi en tous sens, elles sont comme le blé que le vanneur agite afin que la paille s’envole et que le grain reste[2].
Selon nous, si on ne veut pas que la philosophie forme un contraste choquant avec la science, il faut que les interminables con-
- ↑ Nous avons seulement, depuis que ces pages ont été écrites, adressé à la Critique philosophique une lettre explicative au sujet d’une négation de l’inviolabilité humaine qui nous était attribuée.
- ↑ Nous serons obligé de nous borner ici à l’exposition des principes, et de renvoyer pour les développements à nos divers écrits. Nous passerons ensuite aux objections que nous ont adressées MM. Renouvier, Janet, Secrétan, Franck, et d’autres critiques éminents.
