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jours de la réclusion, que l’on inflige plus ou moins longue selon la gravité attribuée au crime. De plus, les magistrats montrent une indulgence excessive. Aussi la quantité de crimes s’accroît-elle d’année en année, dans toute l’Europe, et cette progression est surtout remarquable en Italie, où il se commet trois fois plus d’homicides qu’en Autriche, quatre fois plus qu’en Prusse, cinq fois plus qu’en Suède, dix fois plus qu’en Irlande, quatorze fois plus qu’en Danemark, seize fois plus qu’en Angleterre. Il faut dire d’ailleurs qu’en Italie le système de procédure offre trop de longueurs et donne à l’accusé trop de chances favorables. Il est donc utile de trouver un fondement pour la loi pénale ; le fondement ne saurait être la responsabilité morale, car, même si l’on n’adopte pas le déterminisme absolu, il faut bien reconnaître qu’un grand nombre de criminels sont poussés au crime par des causes organiques. Or la responsabilité morale n’existe, d’après M. Garofalo, que pour un acte exécuté en dehors du déterminisme.

Avant d’aborder l’étude des peines, M. Garofalo dit quelques mots sur les remèdes préventifs indirects que l’État peut faire agir : l’éducation, la vigilance, la religion. On sait comment Herbert Spencer, dans son Introduction à la Science sociale, examine et combat l’opinion de ceux qui voient dans l’instruction un remède à tous les maux de la société. M. Garofalo n’attribue pas non plus à l’instruction une importance exagérée. « Une plus grande instruction, dit-il, engendre, avec de nouvelles idées, de nouveaux besoins auxquels on ne peut pas toujours satisfaire honnêtement. » — « Il ne faut pas donner au problème de l’instruction du peuple, dit-il encore, une importance égale au problème de son éducation morale. L’instruction n’est point une panacée pour tous les maux ; elle n’a aucune efficacité pour la moralité du peuple, ni généralement pour son bien-être économique. » L’État peut-il donner au peuple une éducation morale ? Il peut au moins atténuer l’effet de certaines causes d’immoralité, telles que les boissons excitantes, les spectacles de la cour d’assises, la vue des exécutions capitales, certains récits des journaux. Pour ce qui concerne la vigilance, l’État pourrait améliorer la police. Quant à la religion, le gouvernement pourrait sans doute exercer une grande influence pour la maintenir en honneur et la faire respecter. « Malheureusement les gouvernements libéraux croient devoir encourager l’impiété pour s’accorder avec une de ces étranges formules qui ont eu une fortune imméritée : que l’État doit être athée. » D’un autre côté, le clergé rural en Italie est ignorant et immoral. Ainsi est amoindrie ou détruite « l’immense force moralisatrice » que pourrait avoir la religion. Il faut remarquer d’ailleurs que tous les dogmes chrétiens « ne sont pas en contradiction avec la science, mais avec des hypothèses plus ou moins plausibles, » et que la morale séparée des dogmes n’aurait plus d’influence sur le cœur de l’homme.

Tous ces moyens préventifs sont d’ailleurs insuffisants, et il faut nécessairement appliquer des peines.

Pour trouver la règle qui nous permettra de les appliquer, il faut