Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, X.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
131
a. debon. — localisations psychologiques

ses conditions physiologiques et psychologiques, l’innervation, la motilité musculaire, la différenciation des sensations, les mouvements actifs et l’habitude.


I


La psychologie physiologique, s’appuyant sur les résultats de la recherche objective et expérimentale, a cru tenir en main tous les éléments du problème et, avec MM. Lotze et Wundt, a proposé aux psychologues des vues ingénieuses, très séduisantes au premier abord. L’intérêt principal du débat, c’est en réalité le problème de l’intuition de l’espace, toute localisation impliquant la notion d’étendue. Si cette intuition d’espace est d’abord et nécessairement la notion de notre étendue corporelle, totale ou partielle, quel rapport y a-t-il donc entre nos sensations et cette idée ? De l’aveu de tous, elle ne saurait en être un élément : serait-ce qu’elle est une réaction innée de l’âme attachée aux sensations externes, ou bien le produit original d’une synthèse de sensations et comme la propriété psychologique de cette combinaison mentale ? C’est le procès engagé entre la théorie des signes locaux simples et celle des signes locaux complexes.

On se rappelle la théorie de M. Lotze, exposée ici même[1]. Les sensations cutanées ou visuelles, étant de simples affections qualitatives et intensives de l’âme, par elles seules, ne seraient jamais localisées ; il leur faut quelque caractère accessoire de nature à provoquer leur projection dans l’espace, selon des directions distinctes. Cet indice accessoire ou « signe local » n’est en soi qu’une simple affection psychique ; mais, au lieu de répondre comme la sensation dominante à l’excitation du seul point excité sur la peau ou la rétine, le signe local coïncide avec les mouvements nerveux particuliers liés à l’ébranlement des éléments circonvoisins. Ce concomitant de la sensation principale provoque, d’après M. Lotze, la localisation « qui est un acte d’imagination sans aucun rapport avec un mouvement quelconque ». Selon l’auteur, cette localisation des sensations, ainsi comprise, suppose du reste des conditions très définies : 1o des sensations spéciales, visuelles ou tactiles ; 2o des signes locaux capables de former les termes d’une série à différences appréciables et exactement mesurables ; 3o la perception simultanée

  1. Voy. Revue philosophique, numéro d’octobre 1877. — Cf. La psychologie allemande de Th. Ribot, eh. IV.