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ANALYSES ET COMPTES-RENDUS




G. Neudecker. — Studien zur Geschichte der deutschen Æsthetik seit Kant. — Etudes sur l’histoire de l’esthétique allemande depuis Kant. Stahl, Wurzburg. 1878.

L’esthétique allemande a déjà eu plusieurs historiens qui ont entrepris de faire connaître et d’apprécier ses œuvres. Chacun d’eux, à des points de vue différents, R. Zimmermann, Lotze, Schasler[1], a embrassé, dans leur ensemble et leur succession, tous les travaux de la philosophie allemande sur le beau et l’art. L’ouvrage dont nous venons un peu tardivement aujourd’hui rendre compte, quoique beaucoup moins considérable, n’est pourtant pas sans valeur ni sans intérêt. Laissant de côté les penseurs et les écrivains de second ordre, l’auteur, M. Neudecker, dans une série d’articles ou d’études, s’est proposé de retracer le mouvement qu’a suivi la science esthétique dans les principales écoles depuis Kant. Il soumet à un examen approfondi l’œuvre des principaux représentants de ces écoles, ne s’attachant qu’aux idées fondamentales qui sont la base de leurs doctrines. Son but a été surtout, en dévoilant le côté insuffisant ou défectueux de ces œuvres, de provoquer un mouvement nouveau dont il indique les conditions et dont le résultat doit être d’asseoir la science du beau sur une base scientifique et positive.

La plus générale de ces conditions serait, selon lui, le rapprochement des deux directions, l’une idéaliste, l’autre réaliste, qui, ici comme ailleurs, ont dominé jusqu’ici dans la philosophie allemande et qui toutes deux ont leur principe dans la philosophie kantienne. Il insiste également sur la nécessité, aujourd’hui partout sentie et reconnue, de s’appuyer sur une base expérimentale qui doit être l’anthropologie. Nous avons déjà eu l’occasion de signaler cette tendance de l’esthétique allemande en rendant compte du livre si considérable et si important à tous égards de M. Schasler (voy. juillet 1876). Nous retrouvons la même pensée dans les études de M. Neudecker, qui l’applique différemment mais dont l’intention est la même. Lui aussi veut arriver à un rapprochement et à une alliance des deux grandes écoles,

  1. Voyez les nos 3 de la Revue, Février et Juillet 1876.