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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


Wigand. — Le darwinisme, signe du temps présent (Der Darwinismus ein Zeichen der Zeit). 1 vol. in-8o, chez Henninger. Heilbronn, 1878[1].

Parmi les critiques du darwinisme, l’honorable professeur de botanique de Marbourg, M. A. Wigand, tient une place de premier ordre. Son nom a été répété cent fois durant le procès en instance, et il méritait cette marque d’estime de la part des savants et des philosophes. On ne s’étonnera donc pas que cette Revue lui accorde une sympathique hospitalité, d’autant plus que ses idées n’ont été jusqu’ici l’objet d’aucune exposition spéciale et complète en France.

Une explication générale est nécessaire pour guider le lecteur. On a quelquefois assimilé le conflit actuel entre les transformistes et leurs adversaires à la querelle célèbre des nominalistes et des réalistes. C’est bien vite convertir, sans besoin ni profit, une « question naturelle » en un problème métaphysique ou logique. Il est plus scientifique de dire que le débat est entre les physiciens et les biologistes. Toute la question de l’origine des espèces et de la vie elle-même se ramène alors à ces termes : Dans quel état d’équilibre cosmique les phénomènes organiques, physiologiques et morphologiques sont-ils apparus ? La discussion n’est possible que s’il est également admis par tous que l’apparition de la vie et des espèces végétales ou animales a eu lieu en dehors de toute intervention miraculeuse, par suite de l’évolution des forces naturelles. Cette règle admise, il y a encore des manières très différentes de comprendre cette évolution. C’est un postulat général de la physique que chaque manifestation cosmogénétique est la conséquence fatale et nécessaire des conditions physico-chimiques précédemment existantes. Les darwinistes, se référant à cette conception régulatrice des théories particulières, admettent de plus, d’une manière explicite ou implicite, que le mode de constitution des forces et de la matière a toujours été identique, que le présent est simplement l’ana-

  1. Cette brochure est l’abrégé d’un ouvrage considérable du même savant : « Der Darwinismus und die Naturforschung Newtons und Cuviers », publié en trois volumes (1874-1875). M. A. Wigand en a tiré ce résumé, sorte d’édition populaire, particulièrement destinée aux « gens du monde » (die Laien), comme il le dit lui-même dans sa préface.