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pupille, et un certain degré d’exorbitisme. L’ensemble de ces phénomènes autorise à conclure qu’il y a une excitation du nerf grand sympathique sous l’influence de l’hypnotisation du début.

Naturellement, ces phénomènes varient selon les individus. Il n’est personne, néanmoins, qui y soit absolument réfractaire. Aussi faut-il, sans se décourager, faire le plus qu’on pourra de nouvelles expériences sur toutes les personnes qui s’y prêtent. Bien rarement une séance sérieuse de magnétisme restera sans profit. Car, même lorsqu’on n’aura pas obtenu de sommeil complet et prolongé, on aura pu observer des symptômes légers et fugaces, mais néanmoins intéressants et instructifs.


2e degré. — Pour la plupart des auteurs, le somnambulisme ne commence vraiment qu’à la seconde période. Je proposerai de l’appeler période d’excitation, car c’est l’excitation intellectuelle, l’hypéridéation, qui en général domine la scène.

On reconnaît qu’on est arrivé à cette période lorsque le patient ne peut plus ouvrir les yeux, ne répond plus aux questions qu’on lui adresse, ne cherche pas à se lever, et demeure insensible aux excitations extérieures. D’ailleurs, à ce moment, si on l’interroge sur son état, il dira volontiers qu’il est endormi, comme s’il pouvait avoir conscience de sa situation psychique. Je tiens à bien établir ce fait, qui est très important, et indique un état mental particulier. Les sujets endormis savent qu’ils sont endormis.

Assez rarement l’anesthésie est tout à fait complète, comme aussi la catalepsie ; mais je ne m’occuperai pas à présent de ces deux phénomènes, car ils sont beaucoup plus marqués dans le troisième degré (état de stupeur) du somnambulisme, et je ne décrirai que les phénomènes psychiques.

Le fait seul de pouvoir répondre aux questions qu’on lui adresse établit une différence essentielle entre le somnambule et le dormeur ordinaire. Si à quelqu’un, dormant du sommeil ordinaire, on adresse la parole pour lui demander, par exemple, s’il dort, de deux choses l’une : ou il ne répondra pas ou il se réveillera ; mais en aucun cas il ne pourra répondre qu’il dort. Au contraire, le somnambule pourra, tout en étant endormi, répondre qu’il dort, et converser avec les personnes qui l’entourent sans se réveiller. Voilà la caractéristique du sommeil somnambulique, et qui ne se retrouve guère dans d’autres conditions mentales.

Grâce à cette possibilité d’entretenir des conversations avec des sujets endormis, on peut se rendre compte exactement de leur état