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Considérons tour à tour l’ensemble et le détail de ce programme, i-à-dire d’abord la place assignée aux diverses parties du cours, puis, dans chaque partie, les innovations.

L’Histoire de la philosophie est pour ainsi dire hors de cause. Non que le Conseil supérieur en ait fait bon marché ; tout au contraire, car il a décidé qu’au concours général, du moins dans le concours des départements, le seul dont il se soit occupé jusqu’ici, la composition de philosophie pourrait être historique aussi bien que dogmatique. Il a pensé que, pour avoir vraiment L’esprit cultivé, les élèves devaient au sortir de l’enseignement secondaire connaître convenablement les grands systèmes philosophiques, plutôt qu’avoir déjà un système à eux. Les initier aux grandes conceptions de la pensée humaine est le service le plus incontesté que rendent nos classes de philosophie, et, s’il se rencontre encore quelques détracteurs de renseignement philosophique, rien ne les déconcerte plus sûrement que cette question : Voudriez-vous donc qu’on sortît du lycée sans avoir entendu parler de Platon ni d’Aristote, de Descartes ni de Kant ? Jugeriez-vous achevée une éducation où il n’y aurait eu aucune place pour les problèmes qu’ont agités ces grands esprits et pour les idées qu’ils ont mises dans le monde ? — L’histoire de la philosophie sera donc en honneur autant et plus que par le passé ; mais le programme en est simple et n’était point à refaire. Il peut se résumer en ces mots : On donnera un aperçu de toute la suite des doctrines depuis Thalès, en insistant uniquement, mais avec soin, sur les époques et les écoles principales. — Deux modifications seulement ont été apportées à l’ancienne rédaction : on a ajouté aux grands noms du xviie siècle le nom de Spinoza, omis jusqu’à présent, ou peut-être écarté par excès de scrupules ; puis, au lieu d’arrêter le cours à la fin du xviiie siècle, on a demandé que le professeur donnât aussi quelques notions sommaires sur la philosophie du xixe siècle, l’histoire contemporaine des idées étant à sa place, à ce qu’il semble, dans une classe où l’on étudie l’histoire politique contemporaine.

Rien n’a été prescrit quant à la part à faire dans la distribution du temps à cette partie de l’enseignement philosophique. Chaque professeur continuera de faire à son gré. Quelques-uns se contentent de mettre aux mains des élèves une histoire élémentaire de la philosophie, ce qui suffirait à la rigueur, si l’on pouvait s’assurer que les élèves lisent et retiennent ; mais peut-être est-ce le procédé le plus douteux, même quand on prend un bon livre et qu’on a soin d’en commenter et développer en classe les chapitres les plus importants. D’autres consacrent exclusivement les dernières semaines de l’année à l’histoire de la philosophie ; d’autres la mènent de front