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analyses. — luigi ferri. Sulla dottrina dell'associazione.

comme pouvant seul nous permettre de concevoir comment le phénomène a lieu. « La coutume forme dans l’entendement des habitudes de penser d’une certaine manière, tout ainsi qu’elle produit certaines déterminations dans la volonté et certains mouvements dans le corps : toutes choses qui semblent n’être que certains mouvements continués dans les esprits animaux, qui, une fois portés d’un certain côté, coulent dans les mêmes traces où ils ont accoutumé de couler, lesquelles traces par le cours fréquent des esprits animaux se changent en autant de chemins battus, de sorte que le mouvement y devient aisé et pour ainsi dire naturel. » Cette phrase et les suivantes, que M. Ferri ne relève pas, ne sont-elles pas penser à la loi de direction par la ligne de moindre résistance, dont Spencer a tiré un si grand parti dans sa psychologie ? l’idée est la même, malgré la différence des langages. Quoi qu’il en soit, il importait de dire quelle est pour Locke la cause du phénomène de l’association. Reconnaissons d’ailleurs que l’importance accordée dans les Essais à ce phénomène est heureusement exposée par notre auteur, qui fait ressortir ce que Locke emprunte à l’association pour l’explication des idées complexes et de celles-là mêmes qui règlent toute l’activité intellectuelle, comme l’idée de substance. Ces emprunts sont toutefois plutôt implicites que formellement reconnus.

Le paragraphe qui suit est destiné à montrer que Berkeley ne s’est pas occupé de la doctrine de l’association, qu’il lui était et devait lui être contraire : il eût été avantageusement remplacé par un paragraphe deux fois plus long sur Hutcheson et Adam Smith. Le premier, en effet, dans sa Recherche sur l’origine des idées, etc., premier traité, De la beauté de l’ordre, de l’harmonie et du dessin, section VI, articles 3, 11 et 12, plus loin encore, section VII, article 3, tout en maintenant que les jugements esthétiques sont dus à un sens original, admet que l’association des idées exerce sur ces jugements un certain empire et que c’est elle qui explique la diversité des jugements individuels, ainsi que les préjugés de la mode. Il est bon de noter qu’il parle de l’association comme d’un fait généralement connu. « On sait aussi, dit-il, que toutes les circonstances de temps, de lieu, etc., qui se sont présentées à nous toutes ensemble lorsque nous étions affectés de quelque passion violente, sont tellement liées que lune ne saurait jamais revenir sans l’autre. » (Sect. VI, § XI.) Ailleurs, s’élevant à une conception plus générale, il constate qu’il y a dans notre nature « une disposition à associer ensemble pour l’avenir les idées, quelles qu’elles soient, qui se sont présentées en connexion dans le passé. » Et il remarque que, grâce à cette disposition, un grand nombre d’objets, indifférents par eux-mêmes, nous sont devenus désirables. L’historien de la philosophie écossaise, Mac Cosh, signale un curieux petit livre publié à Londres en 1741 avec le titre suivant : « Introduction à un essai sur l’origine des passions » dans lequel on s’efforce de montrer comment elles sont toutes acquises et qu’elles ne sont toutes que des associations d’idées de notre façon ou que nous apprenons par autrui. « On pourrait, dit l’auteur,