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taine analogie entre cette manœuvre et l’expérience, citée plus haut, de Czermak ? Si on lie la patte d’une grenouille avec un fil, elle devient presque immobile ; si l’on entoure d’un ruban le bec d’un coq, il devient somnolent et stupide. Une excitation faible, prolongée, produirait donc l’état hypnotique, comme une excitation brusque et soudaine produirait l’état cataplégique.

Peut-être faut-il considérer les passes faites devant les yeux comme une excitation faible, prolongée, agissant par la monotonie et la répétition. Cette hypothèse est jusqu’à un certain point justifiée par un fait observé par M. Heidenhain chez des sujets déjà endormis plusieurs fois auparavant. Le tic-tac d’une montre placée près de leur oreille ne tarde pas à les endormir. Pour ma part, j’ai vu une hystérique paraplégique qui entrait en somnambulisme sous l’influence de cette même cause. Mais nous savons que, chez les sujets qui ont déjà présenté une ou plusieurs fois les symptômes du somnambulisme, on peut très facilement les provoquer de nouveau. Ainsi, chez les malades de la Salpêtrière, la vibration d’un diapason suffit pour provoquer le sommeil.

Il est évident d’ailleurs que des excitations faibles et répétées, comme par exemple le tic-tac d’une montre, comme une mélodie rythmique et monotone, comme la vibration d’un diapason, ne réussiraient pas à provoquer le somnambulisme chez un sujet même très nerveux, qui n’aurait pas encore présenté jusqu’ici les symptômes de la névrose magnétique, quoique M. Heidenhain semble pencher vers l’opinion contraire (loc. cit., p. 28). Par conséquent, l’hypothèse d’excitations monotones et répétées pouvant provoquer le somnambulisme est une hypothèse, vraie sans doute dans quelques cas, mais qui ne peut s’appliquer à l’universalité des cas. Ces moyens simples peuvent agir chez des sujets prédisposés au somnambulisme par des expériences antérieures, mais certainement ils resteraient inefficaces si on voulait les employer pour essayer d’endormir une première fois telle ou telle personne.


Une autre hypothèse a été proposée qui ne manque pas d’avoir une certaine vraisemblance. On a dit que le patient s’endormait lui-même. Son attention étant concentrée vers l’idée du sommeil, son imagination étant préoccupée des phénomènes insolites qu’il s’attend à ressentir, il s’endort parce qu’il suppose qu’il s’endormira.

Il faut reconnaître qu’il y a un certain degré de vérité dans cette explication. Elle n’est pas générale cependant. J’ai vu des personnes qui n’étaient ni inquiètes ni émues, qui ne s’attendaient pas à dor-